Science et Conscience de la restauration d’ Aristote à Bergson
par Geneviève Reille-Taillefert

Dans une étude dialectique entre les écrits d’Aristote et de Bergson, cet article montre l’importance de la conscience dans l’analyse scientifique appliquée à la conservation-restauration, en s’appuyant sur des exemples de mises-à-jour faites à Cravant, Tours et Nancy.

Mots clés :
Conscience, science, mémoire, observation, changement, altération, restauration.

« De la conscience de l’altération, …partout on constate que l’extrémité de ce qui altère est le commencement de ce qui est altéré… » (Aristote – Physique IV)
« L’attention est une attente, et il n’y a pas de conscience sans une certaine attention à la vie… la conscience retient le passé et anticipe l’avenir… il faut prévoir et il faut se souvenir » (Bergson- L’énergie spirituelle -1919 )

Introduction
Les théories de conservation-restauration, de Boito à Riegl en passant par Cesare Brandi, ont, dès l’origine, été élaborées sur des principes scientifiques et historiques. Réintroduire la conscience comme élément intrinsèque du raisonnement scientifique à la suite de Rabelais qui affirmait si bien : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme »(1), me semble important et primordial. Cette relation entre Science et Conscience est déjà présente chez Aristote dans les marges de « Physique » par l’analyse scientifique qu’il fait de la nature, du changement et de l’altération. Bergson lui apporte un complément raisonné et un renvoi dialectique dans « L’énergie spirituelle » par son analyse existentielle de la conscience et de la mémoire. Cette démarche intérieure, mathématique et raisonnée me semble pouvoir s’intégrer aux théories et aux pratiques du conservateur-restaurateur.

Toute conscience est mémoire
La conservation-restauration dans son étymologie même: « con servare » c’est-à-dire « garder avec », porte en elle la notion de mémoire. Il semble donc naturel et logique de pouvoir y intégrer le principe d’analyse de Bergson qui établit une relation entre la conscience et la mémoire : «Toute conscience est mémoire, conservation et accumulation du passé dans le présent »(2). La mémoire étant multiple, la conscience du restaurateur pourra prendre plusieurs formes. Elle sera tout d’abord abstraite, par ses références théoriques et historiques. Elle sera également pratique et visuelle car le restaurateur accumule dans sa mémoire toutes les informations qu’il recueille sur les lieux, les oeuvres, leur évolution et leurs réactions aux traitements qu’il applique. Cette mémoire basée sur la conscience vient s’interférer avec la mémoire du lieu d’intervention, son histoire, et celle de l’oeuvre proprement dite, son histoire matérielle. Ainsi la conscience-mémoire, intervient-elle comme élément sous-jacent complexe, comme une aide précieuse et indispensable, dans le processus de conservation des oeuvres d’art comme référence scientifique, esthétique et historique.

La conscience apparaît donc associée à la mémoire et prend ainsi une importance majeure dans l’intervention en conservation-restauration car elle s’inscrit comme lien essentiel entre le passé et le présent de l’oeuvre, entre l’avant et l’après restauration. La définition de Bergson prend ici toute sa mesure: « La mémoire peut manquer d’ampleur ; elle peut n’embrasser qu’une faible partie du passé ; elle peut ne retenir que ce qui vient d’arriver » un accident sur une oeuvre, un trou dans un tableau, une écaille sur un mur, la chute d’une sculpture… une infiltration d’humidité… ; « mais la mémoire est là, ou bien alors la conscience n’y est pas. »
La négation de la mémoire conduit à la définition de l’inconscience, Bergson poursuit « Une conscience qui ne conserverait rien de son passé, qui s’oublierait sans cesse elle-même, périrait et renaîtrait à chaque instant: comment définir autrement l’inconscience ? »(3). D’où l’importance de mémoriser l’état de l’oeuvre par un relevé précis avant toute intervention, la plus infime soit-elle. Car même si l’oeuvre restaurée est plus lisible, plus propre, plus consolidée, on ne peut empêcher le restaurateur après les longues années de pratiques d’être envahi par un certain romantisme devant une oeuvre ou un lieu avant intervention, vide, poussiéreux, parfois en ruine, avec la présence du passé et de son histoire dans chacune de ses fentes et fractures. Pour en conserver l’esprit premier, il est nécessaire de l’avoir vraiment mémorisé.


Photo 1 : Ancienne église carolingienne de Cravant les coteaux.

Mise à jour d’un décor peint sur chapiteau.

Pour Bergson «Toute conscience est donc mémoire -conservation et accumulation du passé dans le présent»(4). Il rejoint ici le principe d’Aristote suivant lequel « L’existence d’une chose dans le temps, implique l’existence du temps pendant que la chose existe »5… de même l’acte de restauration, sans cesse en devenir entre présent et avenir, par sa conscience du temps, est anticipation de l’avenir qu’il prépare.

Du changement et de l’altération
Or qu’est-ce que restaurer ? Étymologiquement cela signifie rétablir, l’acte de restaurer implique donc un changement d’état, un passage du non-être à l’être. « Puisque tout ce qui change, change d’un terme à un autre, nécessairement ce qui a changé est, au moment premier où il a changé, dans le terme vers lequel il a changé »(6). Dès qu’une oeuvre quitte son état de non-être, elle se rapproche du terme vers lequel elle sera quand elle aura été restaurée. « En effet, ce qui change sort du terme initial du changement et le quitte » Et c’est bien là toute la problématique de la restauration. Alors que le but est de conserver dans un état de lisibilité, l’oeuvre en restauration commence par quitter son terme initial, correspondant à l’état dégradé.

Et c’est là qu’intervient le processus de changement qui nous intéresse car cet état de fait est évident pour tout restaurateur, qui voit la matière changer d’apparence peu à peu lors des traitements. D’où l’intérêt de cette analyse, car Aristote poursuit : « alors ou bien le fait de changer et celui de quitter sont identiques » mais cela semble difficile « ou bien le fait de quitter est une suite de celui de changer et le fait d’avoir quitté est une suite du fait d’avoir changé ; car c’est le même rapport dans les deux cas »(7). Il aboutit à la problématique scientifique, de rapport de cause à effet qui nous concerne.


Photo 2 : Nancy

Musée Lorrain- peintures murales déposées de l’ancienne église Saint Epvre – ( XVIème siècle). Essais d’allègement de vernis bruni et chanci.

« Le fait de quitter est une suite du fait de changer ». En modifiant la matière de recouvrement l’oeuvre quitte l’état d’illisibilité.

« En outre, si le sujet qui change d’une façon continue sans être détruit, …si les instants sont en nombre infini, tout ce qui change aura passé par une infinité de changements accomplis. ».
Par un habile retour en arrière, Aristote termine son raisonnement en rappelant l’importance de la mémoire et de la conscience dans le processus du changement sans les nommer : « Mais il ne faut pas dire seulement que ce qui change doit être passé par des états de changement accompli, il faut dire encore que ce qui a accompli son changement a été auparavant en train de changer »(8) et nous avons là la description complète du processus de restauration.

 De même, on pourrait appliquer ce raisonnement aux processus souvent conjugués d’altération qui est en train de détruire et celui de dégradation accomplie d’une oeuvre qui a commencé en quittant le terme initial de sa création pour arriver dans le pire des cas au terme final contre lequel nous luttons quotidiennement: la destruction accomplie car « une certaine infinité appartient immédiatement à ce qui a été engendré ou détruit »(9).
Or l’étude scientifique de l’altération entraine non seulement l’étude de l’altéré, mais aussi celle de l’altérant sans la compréhension duquel les interventions sont inutiles ou vaines. Sur cet état de fait Aristote constate que « partout l’extrémité de ce qui altère est le commencement de ce qui est altéré… » et c’est ici que l’élément subjectif est introduit; « et la qualité est altérée en tant que sensible et les corps se différencient par la nature et par leurs qualités sensibles » L’altération est donc pour lui une « affection de la qualité du sujet car une chose qui est échauffée, adoucie, condensé, desséchée, blanchie ». On pourrait ajouter salie, empoussiérée, jaunie, accidentée, mais aussi nettoyée, restaurée « est, disons-nous altérée et cela aussi bien pour l’inanimé que pour l’animé…. » On arrive ainsi à démontrer que l’altération porte en elle le changement, aussi bien dans le sens de la dégradation qui va jusqu’à la destruction, que dans le sens de la réparation, de la restructuration, qui va jusqu’à la restauration.

« De fait, les sensations sont aussi d’une certaine façon des sujets d’altération car la sensation en acte est un mouvement qui a pour siège l’organisme et en même temps une certaine affection du sens. Dans toutes les qualités où l’animé est altéré, l’inanimé ne l’est pas toujours car il n’est pas altéré selon les parties sensitives et l’un a conscience de ce qu’il subit, l’autre non ».
« Si donc l’altéré est altéré par des sensibles, on voit dans tous les cas que l’extrémité de l’altérant et le commencement de l’altéré sont ensemble. » Et là nous arrivons à la nécessité de l’attention à l’acte initial de restauration sur une oeuvre quelle qu’elle soit car cet acte correspond à la neutralisation de l’altérant sur l’altéré, c’est à la dire à la rupture de cette chaîne de changement pour initier une logique inverse qui sera celle de la reconstruction.
« Que d’autre part tout altéré soit altéré par des sensibles et que l’altération existe seulement dans ce qu’on peut dire pâtir par soi sous l’action des sensibles. En effet ce qui est figuré une fois l’achèvement obtenu, nous ne le désignons pas d’après ce dont il est fait » Nous désignons suivant l’apparence sensible et non suivant la matière « par exemple on ne dit pas de la statue qu’elle est airain ni de la pyramide qu’elle est cire, ni du lit qu’il est bois ; mais par paronymie, que l’une est en airain, l’autre en cire et l’autre en bois ». Une oeuvre sera qualifiée du résultat de son altération, lisible ou illisible. « Nous qualifions directement la chose qui a pâti ou qui est altérée : de l’airain et de la cire nous disons qu’il sont humides, chauds, durs, mous, d’un mur, d’une couche picturale on dira qu’ils sont poudreux, illisibles … dénommant la matière de la même façon que l’affection… Par suite, si pour la figure et la forme on ne dénomme pas le sujet engendré par la matière où est la figure alors qu’on le fait pour les affections et les altérations, ces générations là on le voit, ne peuvent pas être des altérations. »(10)
Dès lors dans le changement par contradiction, il n’y aura pas non plus de difficulté, et c’est, il me semble ici, que la conscience intervient car elle observe et mémorise la succession des instants de changements accomplis jusqu’au terme souhaité de la restauration.


Photo 3 – Ancienne église carolingienne de Cravant les coteaux.

Mise à jour de la peinture murale sur la voûte de la croisée de transept.

Détail du visage de Saint Léger.

Changement d’état accompli, après enlèvement du badigeon de recouvrement.

 

L’intelligence raisonnée de la conscience
Pour Aristote, « Il n’y a pas génération de l’utilisation et de l’acte de science à moins de penser qu’il y a génération de la vision et du toucher et que l’acte d’intelligence ressemble à ceux-là. Mais l’acquisition originelle de la science ne peut passer pour une génération, puisque nous ne concevons la science et la réflexion dans l’intelligence que comme un repos et un temps d’arrêt Car c’est par l’apaisement de l’âme après l’agitation naturelle qu’un sujet est engendré prudent et connaissant. »(11)

Ainsi il est intéressant de noter qu’Aristote contrairement à Bergson relie dès le concept la science et la réflexion dans un lien d’apprentissage par le repos, on remarquera qu’il insiste sur la conception de la science et de la réflexion dans l’intelligence, c’est-à-dire dans l’intelligence raisonnée de la conscience.

La conscience est anticipation de l’avenir
Soutenues par ces deux approches la science et la conscience commencent à s’interpénétrer. Consciente que l’esprit de tout être humain, quel que soit le sujet de ses réflexions, analyse ce qui est, à la lumière de ce qui a été, en essayant de le restaurer dans ce qui sera, je déduirai dans une démarche bergsonienne que « Toute conscience est anticipation de l’avenir » .
L’anticipation vérifiée par le recul, l’attention, l’attente de la réaction du sujet devient scientifique parce qu’analysée pas à pas à chaque étape du changement. « L’attention » en restauration prendra donc la forme d’« une attente, et il n’y a pas de conscience sans une certaine attention à la vie. » (12)
« Retenir ce qui n’est déjà plus » relever et se souvenir précisément de l’état d’une oeuvre avant intervention, tout en anticipant sur ce que l’oeuvre pourra devenir c’est-à-dire « anticiper sur ce qui n’est pas encore, voilà donc la première fonction de la conscience. Il n’y aurait pas pour elle de présent, si le présent se réduisait à l’instant mathématique. »(13) et c’est ainsi que la conscience complète l’analyse scientifique, le regard et la mémoire du restaurateur sont autant de données complémentaires qu’un relevé photographique et graphique ne pourront jamais restituer de manière exhaustive.

On conclura à la suite de Bergson : « la conscience est un trait d’union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l’avenir »(14)

Photo 4 – Cathédrale Saint Gatien de Tours.

Restauration des peintures murales de la chapelle des enfants de Charles VIII.

Restauration raisonnée conservant lisible l’histoire matérielle de l’oeuvre entre passé et avenir.

Le choix raisonné et scientifique
Poursuivant notre raisonnement « Si, comme nous le disions, la conscience retient le passé et anticipe l’avenir, c’est précisément, sans doute, parce qu’elle est appelée à effectuer un choix : pour choisir, il faut penser à ce qu’on pourra faire et se remémorer les conséquences, avantageuses ou nuisibles, de ce qu’on a déjà fait ; il faut prévoir et il faut se souvenir.» (15). J’ajouterai que dans notre sujet, il faut expérimenter de manière raisonnée et scientifique.
« Dans des conditions déterminées, la matière se comporte de façon déterminée, rien de ce qu’elle fait n’est imprévisible : si notre science était complète et notre puissance de calculer infinie, nous saurions par avance tout ce qui se passera dans l’univers matériel inorganisé, dans sa masse et dans ses éléments »(16).

Et effectivement, nous, conservateurs-restaurateurs, intervenons sur des oeuvres créées par des artistes qui ont travaillé dans des conditions déterminées la matière de manière à lui apporter la texture et la qualité esthétique la plus parfaite, suivant leur projet et parfois avec une rigueur scientifique très élaborée.
Puis cette oeuvre a évolué dans le temps, suivant les successions de changement d’états qui correspondent à ce que Bergson appelle « le mouvement imprévisible et libre de la vie » et Aristote « la génération de l’altération ».
L’action première du restaurateur sera sans doute bergsonienne suivant le principe selon lequel « L’être vivant choisit ou tend à choisir »(17)…. Dans chaque acte, chaque préconisation, dans un monde où tout est déterminé, une zone d’indétermination l’environne. Comme la préparation de ce qui sera ne peut se faire que par l’utilisation de ce qui a été, la restauration s’emploiera dès le début à conserver le passé et à anticiper sur l’avenir dans une durée où passé, présent et avenir empiètent l’un sur l’autre et forment une suite continue d’instants : cette mémoire et cette anticipation sont la conscience même. Et c’est pourquoi, en droit sinon en fait, nous pouvons dire que la conscience est coextensive à la pratique scientifique raisonnée.
Conscience et science après s’être présentées comme des formes antagonistes, deviennent complémentaires. La science est matière, rigide et rationnelle, logique et mathématique, elle appartient au déterminisme, la conscience est élastique et analyse de la mémoire.

Photo 5 – Observation à la loupe numérique (x60) de la surface picturale en cours de dégagement.

Conscience du changement d’état, disparition du badigeon de recouvrement, mise en lumière de la matière picturale mémorisée scientifiquement.

Je vois dans l’évolution de mes pratiques de restauration, une conscience de plus en plus aigüe de la matière passant par l’expérience de ma propre  vie et des différentes réactions des œuvres suivant leurs techniques et les conditions matérielles de leur conservation.

La tension de la durée d’un être conscient
Pour répondre à l’interrogation de Bergson, la restauration idéale pourrait être définie comme une impression de traversée de la matière par la conscience, appliquant à chaque instant un effort pour libérer, à force d’ingéniosité et d’invention, de recherche scientifique, l’essence et l’unicité présente dans l’oeuvre, depuis le geste créateur de l’artiste.
Elle opère par deux opérations successives – le diagnostic qui « par un travail de contraction ramasse en cet instant unique le nombre incalculable de petits événements que la matière accomplit, et qui résume d’un mot l’immensité d’une histoire » puis l’intervention qui devra libérer en un temps donné, « dans la direction choisie, une énergie que la matière a accumulée pendant longtemps » (18).
Scientifiquement on pourrait également envisager le problème de la conscience de la restauration en admettant que la conscience est l’inverse de la matière.

En poursuivant dans la logique bergsonienne, on pourrait ajouter et déclarer arbitrairement que la restauration uniquement scientifique se rapprocherait d’un réalisme « scientifique avant tout » soucieux d’authenticité du détail et de vérité mathématique et chimique qui conduirait par excès à l’oubli de l’existence de l’intégrité artistique de l’oeuvre. Et à l’opposé que la restauration basée uniquement sur la conscience se rapprocherait d’un idéalisme historique, et conduirait, par souci de restitution d’un art idéal à tous les abus d’interprétation.
Et je reprendrai avec Bergson : « L’idée que, pour passer du point de vue (idéaliste) de la représentation au point de vue (réaliste) de la chose en soi, il suffit de substituer à notre représentation imagée et pittoresque cette même représentation réduite à un dessin sans couleur et aux relations mathématiques de ses parties entre elles. Hypnotisés, pour ainsi dire, par le vide que notre abstraction vient de faire, nous acceptons la suggestion de je ne sais qu’elle merveilleuse signification inhérente à un simple déplacement de points matériels dans l’espace, c’est-à-dire à une perception diminuée, alors que nous n’aurions jamais songé à doter d’une telle vertu l’image concrète, plus riche cependant, que nous trouvions dans notre perception immédiate. »(19)

Il apparaît donc clairement que science et conscience sont inséparables et complémentaires, et il est bien évident que sans analyse et connaissance scientifique de la matière toute intervention en conscience est impossible et réciproquement toute intervention scientifique pour qu’elle soit parfaitement justifiée doit être effectuée en conscience, c’est-à-dire concourir à l’existence d’une réalité artistique intemporelle, tout en restant historique. Et je citerai ici une réflexion de Georges Brunel devant une restauration en cours « Mais n’oubliez pas, il faut tout de même qu’à la fin ce soit beau ! » ce qui sous-entendait, n’oubliez pas l’existence de l’oeuvre derrière votre intervention, et si vous intervenez sur cette oeuvre c’est pour qu’elle retrouve non seulement une lisibilité mais bien sûr aussi l’intégrité artistique qui fait sa beauté.

Et j’ajouterai que sans la conscience, seule capable de relier et de temporiser les deux représentations, « Tout ce qu’on aura dit du rapport du cerveau à la représentation dans un idéalisme pittoresque, » une restauration idéalisée et rêvée, « qui s’arrête aux représentations immédiates encore colorées et vivante » s’appliquera de la même manière à une restauration uniquement scientifique « à un idéalisme savant, où les représentations sont réduites à leur squelette mathématique » (20)

C’est donc sur la question du but de la restauration « rendre lisible l’oeuvre et lui rendre son intégrité artistique qui fait sa beauté» que se rejoignent les philosophies du réalisme scientifique et de l’idéalisme, et je pense que c’est ici qu’intervient la conscience dans son rôle de mémoire et de comparaison, seule possibilité de réunir les deux philosophies.

Geneviève Reille-Taillefert.

1 François Rabelais, « Pantagruel » – 1532
2 Henri Bergson, « L’énergie spirituelle » – 1919
3 Bergson, L’énergie spirituelle
4 Idem
5 Aristote : Physique livre IV
6 Aristote : Physique livre VII
7 idem
8 Aristote, Physique livre VII
9 idem
10 Aristote – Physique – livre VII
11 idem
12 Henri Bergson, « L’énergie spirituelle » – 1919
13 idem
14 idem
15 idem
16 idem
17 Bergson – L’énergie spirituelle
18 idem
19 Bergson – L’énergie spirituelle
20 Bergson – L’énergie spirituelle