« Capitaine-gouverneur », ce titre bicéphale est bien étrange, car en fait ces deux qualifications sont synonymes. Le capitaine n’est pas, dans ce cas précis, un militaire mais un ‘gardien’ chargé de servir, administrer et conserver. Le titre de « Capitaine » a été employé longtemps pour désigner la charge de gardien ou gouverneur d’un château. Il lui était adjoint un capitaine et un lieutenant, eux militaires. Dans certaines régions, on substitue à ce titre celui de « Capitaine-concierge », voire celui de « Concierge-bailli ».

En 1860, Gustave de Cougny a publié une liste des noms des gouverneurs du château de Chinon, avec la date à laquelle chacun d’eux est mentionné dans les divers titres que nous avons eus entre les mains. Cette liste est incomplète, il est vrai ; mais quoi qu’il en soit, elle nous semble le complément nécessaire à l’histoire du château. L’historien Carré de Busserolle et l’érudit Ernest Tourlet se sont penchés, eux aussi, sur la question mais aucune synthèse de leurs travaux respectifs n’a été effectuée.

Cette étude se propose d’apporter de plus amples informations sur ceux qui veillèrent sur nos châteaux et, ainsi, compléter l’histoire du château. La distinction entre les responsabilités a été parfois difficile à cerner : tantôt c’est un seul et même individu qui gouverne la ville et le château, tantôt ce sont deux charges bien distinctes. De plus la responsabilité s’est parfois exercée à divers niveaux : un administrateur de région déléguant à un ou plusieurs subordonnés la responsabilité de la charge tout en restant lui-même, également, responsable. Le titre de cet article Capitaines-gouverneurs des ‘ville et chasteaux de Chinon’, impropre aux yeux de certains historiens modernes, est un hommage à M. de Cougny qui le premier à s’être penché sur la question, a respecté scrupuleusement le vocabulaire transmis par l’Histoire.

Xe s. Guy [Gui]

Aucun nom de viguier, prévôt ou capitaine ayant exercé à Chinon n’est connu avant l’année 969. Plusieurs actes de Thibault 1er, seigneur de Chinon, mentionnent un prévôt nommé Guy, en voici un daté de la dix-huitième année du roi Lothaire [969].

Thibault, comte de Blois et de Tours autorise le prévôt Gui, un de ses fidèles, à donner deux arpents de terre qu’il tient de lui, à Étienne et à sa femme Calderut. Lesdits arpents sont situés « in pago Turonico, in vicaria Caynonensi, in villa Albiniaco [Aubigny, commune de Brizay].

1004 Alo

D’après une charte du début du XIe siècle, émanant du chevalier Hubert de Saumur, les droits du château appartenaient à « Alo », seigneur de Chinon :

Hubert de Saumur, chevalier, donne à l’abbé Bernon et aux religieux de Saint-Pierre de Bourgueil la viguerieet les droits du château de Chinon, qu’il tenait d’Alo, son seigneur [Seniore meo Alono Caynone castro]. Il reçoit des religieux, pour cette donation, mille sols. Alo donne son consentement à cette donation et reçoit deux cents sols, une cuirasse de prix et un cheval. Le comte Eudes [de Blois], leur seigneur, confirme la charte et reçoit cent sols, parce que la dite viguerie relevait de son fief.

1009 Blo

Un Robert de Blo est cité comme capitaine du château de Chinon en 1009. Blo/Blô/Blou, est une localité du canton de Longué, dite Blo en Touraine et Blou en Anjou.

1039 Bernier/Bernerius

Alo, dit aussi Alon, a eu plusieurs fils de son épouse Sénégonde dont Alon et Bernier. Il se peut qu’ils aient succédé tous les deux à leur père. La charge de prévôt, instituée sous Robert II le Pieux (v. 972-996/1031), était le plus souvent héréditaire d’autant qu’elle était parfois concédée en fief. Dans une charte-notice du XIe siècle, que l’on peut placer entre 1039 et 1049 il est mentionné que :

Les chanoines de Saint-Mexme de Chinon donnent, pour en jouir sa vie durant, à Amable, ou Mabile, femme de Jean de Chinon, les vignes qu’ils possédaient super montem. Ils donnent au même titre et à la même condition, à Ocive, femme du prévôt Bernerius, la maison qui leur avait été donnée par Martin, chevalier. Les chanoines reçoivent de la dite Ocive, pour cette donation, quarante sols.

1044 Jean Ier de Chinon

L’historien Jacques Boussard estime probable : que Jean 1er soit le descendant d’Alon [Alo] de Chinon, grand vassal du comte de Blois à la fin du Xe siècle et dont le frère, Hugues de Châteaudun, avait été archevêque de Tours (1008-1023). Le fils de Jean Ier, Aimery Païen [Payen], sera gouverneur du lieu jusqu’à la fin du XIe siècle. Jean II, son fils, lui succède. À partir de cette date le grand sénéchaldes provinces d’Anjou, Maine et Touraine est le plus souvent le gouverneur de Chinon. Jean Ier de Chinon était le frère de Barthélemy de Faye, archevêque de Tours de 1053 à 1068.

Dans le Cartulaire noir de Saint-Florent de Saumur, Jean de Chinon est qualifié de Cainonensis oppidanus.

L’oppidanus, le châtelain, avait la garde et le gouvernement d’un château pour le comte, propriétaire de ce château ; un domaine considérable y était attaché, avec la seigneurie et la justice en ce domaine, et la suzeraineté sur plusieurs vassaux. Le châtelain était préposé au gouvernement de la châtellenie, et pouvait même en inféoder certaines parties, s’il lui convenait.

M. de Cougny ajoute : Jean avait un sénéchal nommé Adelermus et était assisté d’un viguier, Gauzbert, d’un prévôt du roi, Girelme (præpositus regis), et d’un forestier, Adelmus.

1069 Payen [Païen ou Paganus/Aimery-Payen]

Fils de Jean 1er de Chinon, décédé aux environs de 1067, de son union avec Belutha [Belucia/Beluza/Beluze/Biluze/Belucha] naissent quatre enfants : Geoffroi le Roux, Archambault, Gervais et Jean. Il est cité dans une charte de 1069 signée à Mirebeau et dans la Layette de Foncher (archives de Marmoutier) : Payen (Paganus) fils de Jean de Chinon, donne à l’abbé et aux religieux de Marmoutier certains droits qu’il possédait aux lieux appelés « Fons caris » et « Colombarium » [Colombiers arrondissement de Châtellerault].

On relève dans les cosignataires la signature d’un Johanis Cainonensis.

107 ? Jean II de Chinon, fils de Payen

Un acte du Cartulaire de Bourgueil, daté d’un peu avant 1076/1077, est cosigné par Jean de Chinon, oppidanus du comte d’Anjou, Foulque le Réchin [1042-1068/1109]. En 1115, un Jean de Chinon vend sa seigneurie de Mirebeau à Foulque le Jeune : Jean II ou un de ses descendants ?

1076 Alo

Dans le Cartulaire de Bourgueil, on relève en 1046, la mention du petit-fils d’Alon et Sénégonde cités en 1009 : Alo, fils d’Alon, donne à l’abbé Raymond et aux religieux de Saint-Pierre de Bourgueil …

1098 Paganus, fils de Jean II de Chinon [Aimery Païen/Payen]

Carré de Busserolle cite en 1098 comme successeur de Jean II de Chinon son fils, Paganus, dit, lui aussi, « Aimery Païen ». Dans le Cartulaire de Noyers, en 1081, on note dans un acte concernant une terre sise à Vallères la présence d’un témoin Payen du castrum de Chinon, époux de Bélutie. En 1087, dans l’acte de cession de l’église de Parilly : Assista à la sépulture de Guillaume [de Sainte-Maure] son oncle, le seigneur Aimery, surnommé Payen, fils de Jean de Chinon. En 1092, dans l’acte de cession d’un pré devant le castrum de Chinon figure un témoin Aimery, fils d’Aalon.

1127 Guy (vers 1127)

Chinon appartient, de 1109 à 1128, au comte d’Anjou Foulque V le Jeune [1092-1109/1128 – 1143]. Après le gouvernement houleux de Foulque le Réchin, Foulque le Jeune puis son fils Geoffroy V le Bel [1113-1128/1151] s’ingénient à pacifier le comté puis à en améliorer la gestion. Les principaux agents d’administration locale sont le voyer, le prévôt et le sénéchal, véritable vicomte qui règle tous les problèmes en l’absence du comte. Qui est ce Guy figurant à cette date dans la liste établie par Carré de Busserolle ? Chinon était une place forte occupant une position très importante dans les possessions angevines, il semble peu probable que sa garde en aie été confiée à un simple prévôt. Signalons le rôle prépondérant qu’occupèrent les sires de Laval auprès des Plantagenêts. Ce Guy ne pourrait-il pas être Guy V de Laval [ ?-1144/1194] époux d’Emma d’Anjou, fille naturelle de Geoffroi V le Bel ?

Jacques Boussard écrit : Sous le règne d’Henri II, en Bretagne, en Anjou, en Aquitaine, les grands sénéchaux semblent avoir la garde des châteaux et le sénéchal d’Anjou a incontestablement dans ses attributions la garde du trésor conservé à Chinon. […] Il y a cependant des régions où le sénéchal local coexiste avec le prévôt. C’est le cas en Anjou […]. En certains lieux, le comte d’Anjou place à la fois un sénéchal et un prévôt : Tours, Chinon, Baugé, Château-Gonthier, Brissac. Encore convient-il de remarquer que les sénéchaux du comte d’Anjou n’apparaissent pas avant 1130 et qu’ils semblent toujours chargés de la garde d’un château : sans doute leur rôle est-il plus militaire que celui du prévôt.

1128 Payen

On relève dans le Cartulaire de Noyers, en 1128 : Nous voulons que sachent tous fidèles que Rainaud d’Aione a donné à Dieu et aux moines de Sainte-Marie de Noyers une vigne qu’il avait dans le domaine qu’on appelle Parilly, devant l’église, avec la concession du seigneur Payen, fils de Jean de Chinon, fief duquel c’était, ainsi que celle de son épouse, Béluze et celle de son fils, Jean.

1151 Robert II de Blo

Serait-il un descendant du Robert de Blo cité en 1009 ou d’un certain noble de Chinon, nommé Robert, fils de Gauslen de Blô, cité en 1096 dans le Cartulaire de Noyers ?

ž Robert de Blo, seigneur de Champigny, sénéchal de Touraine successeur à cette charge de Geoffroi V le Bel décédé en 1151.

ž Gerlan ou Gosselin II de Blo, seigneur de Champigny et de Blou, chevalier-banneret en 1213, fils de Robert qui fut sénéchal de Touraine.

? Malet

Un Malet, prévôt du comte d’Anjou, pour la Touraine est cité dans les archives de Marmoutier :

Charte-notice, Renaud, seigneur de Colombiers commettait de nombreuses exactions sur les terres des religieux de Marmoutier (…). Les religieux en appelèrent à Henri, roi d’Angleterre et comte d’Anjou, qui assigna les parties à la cour de Malet, son prévôt de Touraine.

Deux sénéchaux répondant au patronyme « Malet » sont connus. Le premier : Guillaume Malet, grand seigneur normand, richement fieffé en Angleterre, sénéchal de Normandie de 1156 à 1170, puis en 1186 de Montluçon et ensuite simplement mentionné comme « sénéchal ». Le deuxième : Gilbert Malet, grand sénéchal d’Henri II de 1166 à 1170 ; sénéchal de Normandie vers 1174. Il se peut qu’un troisième Malet ait exercé une charge à Chinon : Robert Malet, chambrier d’Henri II. La charge de chambrier était l’un des offices les plus importants de l’administration royale, en raison de la gestion de la cassette du roi. Rappelons que le trésor royal étant gardé dans la tour du Trésor du château, la présence d’un chambrier est logique.

1167 Étienne de Marçay [Marçai]

[Connu aussi sous le nom d’Étienne de Tours/Stephano de Turonis senescallo Andegavie]. Il paraît dans les actes comme sénéchal dès 1165. En 1187, il est sénéchal d’Anjou préposé à la garde du trésor royal à Chinon. Étienne de Marçay est qualifié par ses contemporains de « sauvage et dominateur ». Le surlendemain de la mort d’Henri II, survenue le 6 juillet 1189, ayant trouvé vide la tour du Trésor du château de Chinon, Richard, somme, sans ménagements, Étienne de Marçay de lui remettre tous les trésors de son père. Étienne renâcle, il est arrêté, mis sous les fers et emmené à Winchester ; ses biens sont confisqués. Il est contraint de verser au prince Richard trente mille livres angevines, et en promet quinze mille de plus pour rentrer en grâce. Étienne de Marçay décède fin 1190, début 1191.

1189 Payen de Rochefort

Payen de Rochefort [Pagano de Rochefort, senescallo Andegavie], chevalier, seigneur de Rochefort-sur-Loire, occupe la charge de sénéchal d’Anjou en 1187. Il est nommé sénéchal de Touraine, en remplacement d’Étienne de Marçay fin 1189/début 1190. Il souscrit les actes de Richard 1er pendant l’année 1190-1191.

1190 Thomas de Saint-Cassien

Il est cité dans plusieurs chartes dont une en 1190, en faveur de l’abbaye de Fontevrault,  comme Thomas de Sancto Cassiano pretor Chinonii. Hubert de Saint-Cassien exerce la charge de prévôt à Chinon sous l’autorité du sénéchal d’Anjou. La localité de Saint-Cassien est située à proximité de Loudun, entre Chalais et Martaizé ; il reste du château deux tours et de beaux vestiges.

1192 Robert de Garlande seigneur de Turneham [Tourneham/Robert of Thorham]

Pendant la Troisième croisade, il participe à la conquête de Chypre dont il est nommé gouverneur. De 1192 à 1198, il exerce la charge de sénéchal de Touraine. Familier du roi Richard, il est sans cesse à ses côtés, notamment pendant la campagne contre Philippe II, de 1198-1199. En 1197, il promulgue un acte en faveur des religieux de Turpenay. Le 20 avril 1199, après le trépas de Richard 1er, il livre au prince Jean le château de Chinon. Fin 1204, il exerce la charge de sénéchal d’Anjou.

1199 Aimery VI de Thouars [Amaury, Aymeri]

Après le trépas du roi Richard, le prince Jean installe comme gouverneur de Chinon Aimery VI, vicomte de Thouars. Jean est couronné le 27 mai 1199, il investi, alors, officiellement Aimery le 30 juillet à Rouen, dans sa fonction de sénéchal d’Anjou et de la garde du château de Chinon. Début octobre, le Roi Jean, étant de passage au Mans, exige d’Aimery de Thouars qu’il renonce à ces fonctions. Connaissant l’affection que portait Aliénor d’Aquitaine au vicomte, Jean a pu l’éloigner de la scène politique craignant qu’Aliénor ne l’influence. Aliénor n’écrit-elle pas à Jean en février 1201 :

Je veux vous faire savoir, mon très cher fils, que j’ai fait venir auprès de moi notre cousin Amaury de Thouars alors que j’étais malade. Sa visite m’a fait plaisir et beaucoup de bien, car lui seul parmi nos barons poitevins ne nous a causé aucun tort…

Aimery de Thouars, seigneur angevin très respecté, a été nécessaire à Jean pour s’emparer de Chinon et pour le soutenir dans son accession au trône. En 1199, Arthur de Bretagne, neveu du roi Jean, de la faction opposée et soutenu par le roi des Francs, Philippe II, nomme comme sénéchal d’Anjou Guillaume des Roches. De par son sénéchalat, Guillaume des Roches est, lui aussi, gouverneur du château de Chinon. Aimery de Thouars meurt en 1226.

1199 Roger de Lascy [Lassy, Lacy, Laci…]

Roger de Lascy, seigneur normand, comte de Chester, se voit confier à l’automne par le Roi Jean la garde du château et la charge de gouverneur de Chinon. Début 1203, le roi d’Angleterre lui confie la garde de Château-Gaillard [place forte située sur la Seine, à proximité de Rouen], place qu’il défend bravement. Il résiste jusqu’au 6 mars 1204, date à laquelle Philippe II s’empare de la place. En décembre 1204, il est pourvu de la charge de « sheriff » du Cumberland et du Yorkshire.

1201            Girard d’Athée

Ce vassal du Roi Jean tient son nom d’une localité Athée [Athies], située entre Amboise et Bléré, où il est né vers 1155. En 1198, on le voit figurer dans des chartes de Richard 1er, en compagnie des plus hauts barons de Touraine et d’Anjou. Après la mort de Richard, il s’attache à Jean et combat pour lui sous les ordres de Robert de Turneham. La qualification de lieutenant lui est donnée en mars 1201, son « instructeur » aurait été Hubert de Burgh. L’année suivante, il est appelé aux fonctions de sénéchal. Défenseur des châteaux de Loches et de Chinon, il est vaincu en 1205, emprisonné à Compiègne. En 1207, le Roi Jean verse pour lui une rançon de 2000 marcs d’argent. Réfugié en Angleterre, il assure, en 1208, la charge de capitaine-gouverneur des châteaux de Gloucester et de Bristol et est investi de hautes responsabilités. Il décède en 1215. Girard d’Athée était un homme d’honneur, fidèle à son suzerain et dont la vaillance a été reconnue par Philippe II. Il a l’honneur d’être cité dans la Philippide (Chronique à la gloire de Philippe Auguste écrite par le clerc Guillaume Le Breton entre 1216 et 1220) :

Dans ces deux châteaux forts, gigantesques abris, / Le farouche Girard s’est imposé en maître ; / Né de parents obscurs, à la glèbe asservis, / Son cœur ne dément pas le sang qui l’a fait naître… / (…) / Bientôt le roi paraît [Philippe II], suivi d’un ost immense, / De Loches et de Chinon le siège alors commence ; / Mais il fallu un an pour dompter ces créneaux !!… / Girard fut enfermé dans de  sombres cachots…

1203            Hubert de Burgh

En avril, le Roi Jean donne à Hubert de Burgh la garde du château ainsi que le commandement supérieur de toute cette région de la Touraine. Hubert était tout dévoué à la cause de Jean. Cette charge lui a peut-être été donnée pour le remercier d’avoir été le gardien d’Arthur de Bretagne à Falaise avant que ce dernier ne soit assassiné le 3 avril 1203. À moins qu’il n’eut une autre mission : Arthur ayant été emprisonné à Chinon en août 1202, l’annonce de son assassinat et les rumeurs l’attribuant au Roi Jean nécessitaient peut-être la présence d’Hubert à Chinon afin de faire taire ces rumeurs.

Hubert de Burgh, né vers 1165, est issu d’une famille de petite noblesse. En 1197, il entre au service du prince Jean ; en 1198, il devient son chambellan. Il aurait été gravement blessé lors du siège du château de Chinon et fait prisonnier. Après son retour en Angleterre en 1207, le Roi Jean le couvre d’honneurs. Il devient l’un des hommes les plus influents d’Angleterre, succédant en 1219 à Guillaume le Maréchal comme régent du royaume, ce jusqu’en 1227, date à laquelle le jeune roi Henri III s’émancipe. Hubert de Burgh décède en 1243.

1204 Philippe de Ulcot [Philip Ulcotes/Philip of Oldcoates]

Roger de Lascy est parfois cité comme gouverneur du château à cette période. Ce qui n’est pas possible car il est emprisonné pendant quelques mois après la prise de Château-Gaillard. C’est Philippe de Ulcot qui est gouverneur, épaulé par Girard d’Athée. Pendant la période s’étendant de septembre 1204 à juin 1205, Chinon est sous le commandement à la fois du Plantegenêt et de celui du Capétien. Le Roi Jean est le « premier Plantegenêt à se sentir anglais et à aimer l’Angleterre», il quitte le continent en décembre 1203 et se désintéresse de ses possessions angevines et normandes. Cependant, il récompensera ses fidèles serviteurs Gérard d’Athée et Philippe de Ulcot en leur confiant des charges importantes en Angleterre.

1205 Guillaume des Roches [Guillemus de Rupidus senescallus Andegaviæ]

Chinon tombe le 24 juin 1205 aux mains du roi des Francs. Le très opportuniste Guillaume des Roches a, tour à tour, fait allégeance en 1199, à Jean sans Terre puis à la fin de la même année, à Arthur de Bretagne avec l’approbation de Philippe II :

Philippe, roi des Francs reconnaît que son amé et féal Arthur de Bretagne, comte d’Anjou et de Richemont, a donné en fief et héréditairement à Guillaume des Roches, en récompense de ses fidèles services, la charge de sénéchal d’Anjou et du Maine, ainsi que le lieu appelé Maietum [Mayet, dans le Maine].

Ensuite il fait de nouveau allégeance au Roi Jean et enfin en 1204, définitivement, à Philippe II !

Dans le Cartulaire des Actes de Philippe II, existent des lettres de Guillaume des Roches énonçant tous les droits que sa charge de sénéchal lui donnait sur les pays d’Anjou, de Touraine et du Maine. Il déclare : qu’il n’a aucun droit sur les revenus, sur les bois et sur les forêts du roi ; que, si le roi lève quelque taille dans ledit pays, c’est à lui, sénéchal, à la lever et à en rendre compte, sans qu’il lui en appartienne rien ; qu’il n’a, par droit ou par coutume, la garde d’aucun château du roi sans une commission expresse, et qu’en cette occasion il est obligé de remettre les dits châteaux ou forteresses au premier ordre du roi ou de ses successeurs …

Guillaume des Roches, né entre 1155 et 1160, simple cadet de famille, homme de valeur devient, grâce à son mariage, seigneur de Château-du-Loir et de Sablé. Héritier de nombreux biens, sa fortune fait de Guillaume un personnage avec lequel les rois doivent compter. Guillaume décède en 1222, il est inhumé le 15 juillet dans l’abbaye de Bonlieu (proche de Château-du-Loir) qu’il avait fondée en 1219, aujourd’hui disparue.

1216            Gui Sagitta [Guido Seete ou Sagette]

Dans un acte du Cartulaire de Fontevrault, Gui Sagitta [Guido Seete] est mentionné comme castellanus cainonis en août 1216, charge qui lui aurait été confiée par Philippe II.

Dans les archives du prieuré de Grammont, une charte datée de 1224 fait mention de ce même châtelain : Charte de Guillaume de Marmande, et de Gui Sagitta, châtelain de Chinon, qui certifie que Jean Tenates, bourgeois de Chinon, a donné aux religieux de Grammont, habitant le prieuré de Pommier-Aigre un muid de froment à la mesure de Cravant, à percevoir chaque année sur sa dîme de Cravant, relevant du fief de Guillaume de Marmande. En reconnaissance de ce don, les religieux lui donnent la somme de XXVI livres tournois. Cette donation fut consentie de Julienne sa femme, par son fils Jean et par ses filles. Guillaume de Marmande donne son consentement comme seigneur féodal.

1222 Amaury 1er de Craon

La baronnie des Craon située dans l’arrondissement de Château-Gonthier en Mayenne, a été attribuée aux Craon par les comtes d’Anjou au XIIe siècle. Les Craon sont alliés à toutes les grandes familles nobles franques et avec la famille royale anglaise. Durant un siècle, de 1222 à 1323, les Craon vont détenir la charge de sénéchal héréditaire d’Anjou, Maine et Touraine. Amaury de Craon, à la suite du décès de son beau-père, Guillaume des Roches, est investi sénéchal d’Anjou le 15 juillet 1222. Il décède le 12 mai 1226.

Vont lui succéder :

1226 Jeanne des Roches

Au décès de son père, Maurice IV de Craon, ne peut assurer la charge de sénéchal héréditaire, n’ayant que deux ans. C’est Jeanne, sa mère, épouse de Guillaume des Roches, qui s’approprie le titre de sénéchal et en reçoit tous les profits.

1234 Terrice de Galardon

Dom Housseau mentionne une charte de : Terrice de Galardon, sénéchal du Poitou et de Touraine, qui, après saisie faite au nom du roi, de la viguerie de Restigné, prononce une sentence sur le différent qui existait entre Olivier de Langeais et Geoffroi, fils du vicomte de Thouars, trésorier de Saint-Hilaire de Poitiers, chanoine de Saint-Martin et prévôt de Restigné. Actum Chinon, anno Domini M CC XXIV, mense julio.

Délégation de pouvoir des Craon ou nomination par le roi ?

1245  Maurice IV de Craon

Le 13 octobre 1245, Maurice IV de Craon fait hommage à Louis IX. Son épouse est Isabelle de la Marche, sœur du roi d’Angleterre Henri III. Maurice et Isabelle eurent cinq enfants dont Amaury II et Maurice V. Maurice IV décède fin mai 1250.

1250 Isabelle de la Marche

Au décès de son père, Amaury n’a que six ans, sa mère se pare, elle aussi, du titre de sénéchal.

? Amaury II de Craon

On ignore à qu’elle date Amaury II prête hommage. Tout comme on ignore la date précise de sa mort : seule certitude elle survient après le 27 mai 1269 et avant juin 1270. Il meurt sans laisser de postérité, son successeur est son frère Maurice V.

1270 Maurice V de Craon

On lui connaît quatre enfants issus de son mariage avec Mahaud de Malines. Il décède le 11 février 1293, Amaury, né aux environs de 1280, lui succède. Carré de Busserolle cite comme sénéchal un Maurice VI de Craon de 1282 à 1292. Ce Maurice VI n’a jamais existé, il y a eu confusion de la part d’un des historiographes des Craon.

1293 Amaury III de Craon

Amaury III est le dernier sénéchal héréditaire de Touraine, Anjou et Maine. En 1323, il cède à Charles le Bel la sénéchaussée de Touraine et en mars 1331, celles d’Anjou et du Maine à Philippe de Valois. Il décède le 26 janvier 1333. Durant tout le XIVe siècle, peu de documents sur l’histoire de Chinon nous sont parvenus, on ignore qui assura la charge de gouverneur des châteaux de Chinon de 1333 à 1379.

Ø XIVe Du XIVe siècle, peu de documents sur l’histoire de Chinon nous sont parvenus.

1308 Jean de Janville, [Jeanville, Jeanvelle, Janvelle]

Cité, pour l’année 1308, par Carré de Busserolle et Cohen sans aucun autre renseignement. De Cougny, relatant l’emprisonnement des Grands Maîtres du Temple en août 1308 à Chinon énonce laconiquement : Jean de Jeanville était alors gouverneur du château. Il existe bien un Jean de Janville à cette époque : huissier d’armes de notre seigneur le roi, préposé à la garde des Templiers. Ce Jean de Janville, geôlier des Templiers, deviendra le collaborateur de l’inquisiteur général, Guillaume de Plaisians, ordonnant et assistant aux interrogatoires. Agent du roi Philippe VI le Bel, il ne fut en aucun cas capitaine-gouverneur du château de Chinon.

1379 Jean II de Bueil

Mention dans Gallia regia : Jean de Bueil, chevalier capitaine de la ville et du chasteau de Chinon, le 16 juin 1379.

Lieutenant-général pour le Roi en Touraine, de 1369 à 1416.

1389            Hervé Le Coich [Coch]

Mention dans Gallia regia : Hervé le Coich, chevalier et chambellan du roy, chastelain et garde du chastel de Chinon, donne le 8 décembre 1389 au receveur de Touraine quittance de 50 l. t., montant de ses gages de chastelain, terme de la Toussaint 1389. En 1391, 30 mai et 3 décembre le même chastelain et garde des chasteaux et ville de Chinon pour … le duc de Touraine …

1400 Frédéric du Chesneau

Frédéric du Chesneau est établi gouverneur de Chinon aux environs de 1400.

1412 Guillaume de Rémeneuil [Remeneuil, Rameneuil, Romenueil ?]

On relève dans Gallia regia : Guillaume de Remeneui [Rémeneuil, commune d’Usseau proche de Châtellerault], chevalier, seigneur de la Perrière [commune de Cravant] , chambellan du roy, capitaine – le 14 mai 1412 – des chasteaux de Chinon.

Il ne fut guère prisé des Chinonais ainsi qu’en témoigne une Lettre d’ajournement en date 7 octobre 1413 : … et aussi pour les grans menaces que Guilaume de Romenueil, chevalier soy disant portant pour capitaine dudit lieu de Chinon a fait et fait encores de jour en jour ausdiz complaignans de les molester et domaigier de corps et de biens s’ilz contredisoient et empeschoient de paier lesdites exactions…

À compter de 1413, en raison des évènements politiques, le poste de capitaine-gouverneur est occupé de façon concomitante par des hommes des différentes factions. Guillaume de Rémeneuil est tenant de la charge jusqu’en 1417, puis bailli de Touraine en 1417. Ayant pris le parti des Bourguignons, il est révoqué et doit s’exiler en 1423.

1413 Jean Pastoureau dit Tailloche

Issu d’une famille consulaire de Bourges. En 1413 le duc de Bourgogne, Jean, s’empare du château de Chinon. Il y place une garnison dont il donne le commandement à Jean Pastoureau. À la suite du Traité d’Arras passé en septembre 1414, ce dernier s’était engagé à rendre le château, mais manquant à sa parole, il continue à le faire occuper par ses troupes. Par ordre du Roi, Raoul de Gaucourt assiège la place et la reconquiert.

1416 Jacques de Montbéron

Jacques, sire de Montbéron, fut du nombre des deux-cent-dix-sept hommes d’armes nommés pour être présents, le 4 novembre 1380, au sacre de Charles VI à Reims. Conseiller et chambellan du roi, promu sénéchal d’Angoulême par Lettres du 9 août 1386. Il est nommé lieutenant-général de Touraine en 1416. Jacques de Montbéron se rallie à l’Angleterre. Il est fait maréchal de France par Henri V, roi « d’Angleterre et de France ». Il est destitué en 1421 et meurt peu après en 1422. Son fils Jacques, lui, restera fidèle au souverain français et se distingua par sa conduite lors de la bataille de Vieil-Baugé [22 mars 1421] qui redonna espoir au dauphin Charles. Ne dit-on pas que ce serait en action de grâce pour cette victoire que le futur Charles VII entreprit de reconstruire l’église Saint-Etienne de Chinon ?

Certains auteurs attribuent la charge de capitaine-gouverneur de Chinon à ce Jacques de Montbéron. Mais dans l’Armorial général de la Touraine, paru en 1867, on relève cette mention : Jacques de Montberon, maréchal de France, remplit les fonctions de lieutenant-général au gouvernement de Touraine de 1416 à 1418. Vers la même époque, Adrien de Montbéron, était capitaine-gouverneur de Chinon.

Alors Jacques ou Adrien ? Aucun renseignement sur cet Adrien n’a été trouvé, à moins qu’il ne s’agisse d’une confusion avec l’Adrien de Monbéron cité en 1498 ?

1418 Guillaume Bélier [Bellier]

On note dans Gallia regia : Guillaume Bellier, capitaine de Chinon en 1418 et 1429, Grand veneur dès octobre 1424, bailli de Troyes de 1429 à 1449. (Voir 1425).

1423            Jean VII d’Harcourt.

Gouverneur de Tours. Carré de Busserolle le cite comme Capitaine des ʻville et châteaux de Chinonʼ en 1423. Il est tué à la bataille de Verneuil le 17 avril 1424.

1425            Artus de Richemont

Fils cadet du duc de Bretagne, Jean IV de Montfort, comte de Richemont. Sa noblesse et sa vaillance lui attirèrent la bienveillance du souverain :

Estoit dès son jeune âge de grand, noble et vaillant courage et est vray qu’il n’avoit pas grand terre pour soutenir son estat… Et pour ce que le Roy savoit la bonne volonté qu’il avoit, fut content pour sa seurté de luy bailler pour lors en ses mains Lusignan, Loches et Chinon qui sont les plus belles places qu’il eust, afin d’y mettre telles gens que bon luy sembleroit, ai ainsy fust faict. Et il promist aussi de les rendre ès mains du Roy, la chose accomplie et parfaite.

Le 7 mars 1425, à Chinon, le Dauphin Charles lui remet l’Épée de Connétable[1] de France.

1425 Guillaume Bélier (le même qu’en 1418)

Marié à Anne de Maillé, fille de Jean de Maillé seigneur de Cravant et de Narçay. Après avoir reçu l’Épée de connétable à Chinon, Arthur de Richemont se rend en Bretagne et confie la garde du château à Guillaume Bélier. Celui-ci avait assisté à cette cérémonie en tant que gouverneur de Chinon. En 1427, quand Richemont entre en révolte contre le Dauphin, Guillaume Bélier livre la ville et le château au roi qui lui confirme la charge de gouverneur, charge qu’il conservera jusqu’en 1432, voire 1435.

1440 Raoul VI de Gaucourt

Raoul VI avait été fait chevalier lors de la bataille de Nicopolis, en 1396. Au temps du siège d’Orléans, il était conseiller, premier chambellan du Dauphin et bailli d’Orléans. Il s’était illustré, en 1415, à la bataille d’Harfleur à la suite de laquelle il resta treize ans entre les mains des Anglais. En 1429, Charles de Valois le fit capitaine de Chinon et l’année suivante gouverneur du Dauphiné. Au printemps, il participe activement à la prise d’Orléans et, en juillet, il est l’un des six pairs laïcs présents au sacre de Charles VII à Reims. Au printemps 1433, Raoul de Gaucourt, ayant pour lieutenant Olivier Frétart ouvre les portes du château de Chinon aux gens du connétable de Richemont qui viennent s’emparer du sire de La Trémoille. Dans Gallia regia on peut lire : Raoul VI de Gaucourt, chevalier, conseiller et 1er escuyer, puis 1er chambellan du roy, capitaine de la ville et des châteaux de Chinon de 1440 à 1459.

Raoul VI de Gaucourt meurt au commencement du règne de Louis XI, destitué à l’âge de quatre-vingt-dix ans de l’office de Grand Maître de l’Hôtel qui lui avait été donné en 1453, et peu riche, au dire d’un avocat qui plaidait pour ses héritiers en 1477 : car il a payé pour ses rançons bien six vingts quatorze mille livres, dont il n’a été esté récompensé ; et si fut d’une lance percé au travers du corps.

En fait, Raoul VI a vraisemblablement assuré le charge de capitaine-gouverneur des ville et chasteaux de Chinon à partir de 1432.

Quant à Olivier Frétart, l’historien-géographe André Duchesne en parle ainsi : La famille d’Olivier Frétart, seigneur de Turzay, fils de Sauvage du Plessis et d’Isabeau Le Groin n’avoit pas moins de réputation, que de noblesse et de biens. Olivier, en l’année 1432, estoit Lieutenant du Sire de Gaucourt au chasteau de Chinon, puis obtint le gouvernement de celui de Mehun.

La famille Frétart possédait un fief situé en plein cœur du château de Loudun entre l’enceinte du gros donjon et l’église Saint-Léger. Ce fait, si exceptionnel alors dans une forteresse royale était, pour son possesseur, un privilège insigne.

1450 François du Chesneau

On remarque dans les comptes de Raoul VI de Gaucourt cités dans Gallia regia, l’absence des années 1449, 1450, 1456 et 1458 : Comptes des années finies en septembre 1448, 1451, 1452, 1453, 1454, 1455, 1457, 1459, 1200 livres pour la capitainerie dudit Chinon.

Raoul de Gaucourt aurait-il été remplacé ces années là par François du Chesneau ? (parent avec Frédéric du Chesneau cité en 1400).

1461            Jean III de Garguesalle [de Guarguesalle, Garguessalles, Guarguescalle]

Seigneur de Coulaines et de Bocé par son mariage avec Jeanne Le Boucher, dame de Coulaines. Il est nommé gouverneur de Chinon en 1461.

Selon Gallia regia : Jehan de Guarguessalle est capitaine des ville et chasteaux de Chinon de 1461 à 1472.

Toujours selon le même document il était appointé à la même somme que Raoul de Gaucourt : à Jehan de Guarguessalle, premier escuyer de corps et maistre de l’escurie, capitaine de la ville et chasteaux de Chinon, 1200 livres.

Jean de Garguesalle est nommé, le 17 mars 1467 maître de la Grande écurie du roy, puis en 1468 grand escuyer de France.

De manière concomitante, il exerce la charge de bailli de Troyes de 1461 à 1465.

Note de M. Pépin, source non indiquée : 8 novembre 1472 – Provision de capitaine des chasteaux et donjon de Chinon : « Donnons et octroyons de grâce especiale l’office de capitaine de nos chasteaux et donjon de Chinon que vouloit tenir notre amé et féal Jean de Garguesalle, lequel, pour aucunes causes à ce nous morans et mesmement que nous entendons de l’en récompenser ailleurs, nous en avons deschargé et deschargeons par ces dites présentes.

Office « avoir tenu et exercer dorenavant par le dret (ledit ?) Sr de Renescure Ph C [Philippe de Commynes] aux gaiges [1200 livres tournois], droicts, profits et esmoluemens accoustumés et qui y appartiennent tant qu’il nous plaira…

1463            Charles 1er de Gaucourt

Il est le fils de Raoul VI de Gaucourt et de Jeanne de Preuilly ; marié le 8 octobre 1454 à Agnès de Vaux, décédé en 1482. Il est investi la charge de capitaine-gouverneur par Lettres du 10 décembre 1463. Le Gallia regia précise : Le 27 octobre 1465, Louis XI cède à Charles de Gaucourt la seigneurie de Vierzon, contre l’abandon de capitainerie de Chinon, avant lui possédée par Raoul VI de Gaucourt son père.

1467            Jean III de Garguesalle [Jehan]

Jean de Garguesalle est à nouveau pourvu de la charge de gouverneur de Chinon. Il la conserve jusqu’en 1470. Est-ce lui ou son fils qui avait le « sang chaud » ? On relève dans le Trésor des Chartes de Touraine la mention suivante : 1491, juillet, Tours. Rémission en faveur de Jean de Garguesalle, chevalier, demeurant à Coulaines pour le meurtre de Julien Le Normant, l’un des faucheurs venus de Savigny-en-Véron, qui s’estimait mal payé pour son travail.

1470            Tanneguy IV du Chastel [Tannegui du Châtel]

Selon l’historien Luc Boisnard : Jean de Guarguesalle tint de 1461 à 1463, puis de 1467 à 1470, la capitainerie de la ville et du château ; l’intermède étant tenu par Charles de Gaucourt, Maréchal de France et Tanneguy du Châtel, grand Ecuyer de France.

En janvier 1473, Louis XI est présent à Chinon où il reçoit ses principaux conseillers, dont Tanneguy du Chastel, à l’occasion de la signature du contrat de mariage, le 27 janvier 1473, de Philippe de Commynes avec Hélène de Chambes. C’est peut-être là l’explication de cette mention. Tanneguy était un familier de Charles VII, reçu de nombreuses fois à la Cour de Chinon. Il n’a, vraisemblablement, jamais été capitaine-gouverneur du château.

1472 Philippe de Commynes

En novembre 1472, Philippe de Commynes reçoit la somme de cent livres pour la charge de capitaine des châteaux et donjon de Chinon. Il est pourvu de l’office de sénéchal du Poitou en novembre 1476. Il décède le 18 octobre 1511 au château d’Argenton.

1472            Jehan Chenu

Jehan Chenu est capitaine de la ville et des châteaux de Chinon aidé par Jehan Chenu (son fils ?), écuyer, lieutenant du capitaine.

Gallia regia : Jehan Chenu, Capitaine de la ville et des châteaux de Chinon de 1472-1473 à 1475. En 1472-1473 (compte de l’an fini en septembre 1473) recette générale de Languedoïl, gardes des places : « à Jehan Chenu, capitaine des ville et chasteaux de Chinon, 1200 livres – à [autre] Jehan [II] Chenu, escuyer, lieutenant du capitaine des villes et chasteaux de Chinon, 600 livres pour entretenir son estat.

En 1473-1474 (compte de l’an fini en septembre 1474), 1200 audit capitaine, 600 livres audit lieutenant.

En 14743-1475 (compte de l’an fini en septembre 1475), 1200 audit capitaine, 600 livres audit lieutenant.

1477 Robert de Feuquerolles, seigneur d’Autelon

Dans Gallia regia on note également : Robert de Feuquerolles, escuyer, sgr d’Autelon, lieutenant commis à la garde des châteaux de Chinon, pour Jean [II] Chanu, écuyer, lieutenant pour le capitaine d’iceux, 22 juillet 1475 ; Pièces justificatives de la propriété des pâtis et prairies communs appartenant aux habitants des paroisses de Savigny et Avoine-en-Verron

1483 Jacques d’Archiac, baron de Lévis.

Lors de la préparation de la visite de Charles VIII au château de Chinon prévue pour janvier 1483, Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme, écrit à propos du titre de gouverneur du château :

Sur la capitainerie du chasteau de Chinon, il ne faut pas s’esbahir si ces vieux et grands capitaines se sentoient bien honorez d’avoir ces capitaineries des chasteaux des roys, et combien ces dignitez le temps passé estoient honorables et portoient grande qualité. J’ay veu semblable qualité de M. d’Archiac, aïeul de madame de Bourdeilles, ma belle-sœur, qui, parmy ses grandes seigneuries, places et qualités, se mettait capitaine du chasteau de Chinon, ainsy que j’en ay veu plusieurs titres en son thrésor et force lettres des roys de son temps, qui lui mettoient à M. d’Archiac, capitaine de mon chasteau de Chinon…

1484 Jean Tiercelin de Ballon, [Thiercelin]

Fils de Marc Tiercelin et de Nicole de Brosse, maître d’hôtel de Charlotte de Savoie, chambellan du roi. Il est mentionné dans Gallia regia :

Jean Tiercelin, seigneur de Brosse, en Picardie, capitaine de Chinon jusqu’au 26 février 1484.

Il prit parti pour Louis, duc d’Orléans, contre les seigneurs de Beaujeu, qui lui ôtèrent la capitainerie.

1484            Pierre II duc de Bourbon, sire de Beaujeu

Fils de Charles 1er et d’Agnès de Bourgogne, né en 1439, il épouse en premières noces la fille de Louis XI, Anne de France. Il devient duc de Bourbon, à la mort de son frère aîné, Jean II en 1488. Il décède en 1503.

Dans Gallia regia on peut lire: Pierre de Beaujeu remplace le 26 février 1484 Jean Tiercelin comme capitaine de Chinon. Autant dire que le mari d’Anne de Beaujeu, venait de se nommer, lui-même, capitaine de Chinon, au moment où avec sa femme il venait de se faire confirmer la garde de Charles VIII avec la régence et d’obtenir le transfert à Tours des États Généraux jusque là établi à Orléans.

Les 31 mai et 8 juin 1489, il avait comme lieutenant, dans la capitainerie de Chinon, Jacques d’Archiac, écuyer, sgr d’Archiac, baron de Lévis, de par son mariage avec Marguerite de Lévis.

1484 Georges de Valori [Valory]

Originaires de Florence, les Valori, vinrent s’établir en France au début du XIVe siècle, l’un d’eux acheta la terre de d’Estilly [Destilly]. Georges de Valory était capitaine-gouverneur de Chinon en 1484.

1498 Adrien de Montbéron [Montbron]

Cet Adrien de Montbéron n’est cité que par Carré de Busserole qui le situe en 1498.

La famille de Montbéron comprend de nombreuses branches ; quelle parenté avec les Montbéron cité en 14I6 ? Dans le Dictionnaire Moreri, on trouve la mention d’un Adrien de Montbéron :

Seigneur de Villefort. Proche du roi dont il était un des confidents, ce dernier suivit Charles VIII [1470-1483/1498] à la conquête de Naples et participa à la bataille de Fornouë, le 6 juillet 1495, où il fut blessé. Époux de Marguerite de Lévis fille de Jacques d’Archiac qui sera capitaine-gouverneur de Chinon en 1483.

Comme on peut le constater, c’est Jacques d’Archiac qui a assuré la charge de capitaine-gouverneur de Chinon.

1514            Artus Gouffier de Boisy

Duc de Roannais [Rouannez], seigneur de Boisy [localité près de Roanne], de Bonnivet, de Maulévrier et d’Oiron, Grand maître de France, précepteur de François 1er. C’est Artus Gouffier, lui-même, qui choisit la salamandre comme emblème pour le souverain. Nommé gouverneur de Chinon le 15 juin 1515, il décède en mai 1519 à Montpellier, son gisant est visible dans la collégiale d’Oiron. Fait inconnu des Chinonais : on lui doit la présence du roi François 1er à Chinon ! Il ressort de l’étude des Itinéraires de François 1er d’après les Actes de la Chancellerie que François 1er est venu, en 1518, trois fois à Chinon et y a passé les nuits du 13 au 16 février inclus ainsi que celles du 22 au 26 mai. En février, François 1er s’est rendu en visite chez les Gouffier à Oiron ; en mai, le roi inspectait les alentours de Chinon dont Turpenay, Ussé et Fontevrault.

1519            Claude Gouffier de Boisy

Fils d’Artus de Gouffier, François 1er le tenait en grande estime. Nommé capitaine-gouverneur de Chinon le 3 novembre 1519, en remplacement de son père : il résilie ses fonctions en 1567. Il décède le 12 décembre 1570 « fort âgé ».

À la fin du XIXe siècle, en démolissant une vieille maison sur l’emplacement de laquelle fut construit le couvent des Dominicaines de Chinon, au Nord de la place Saint-Mexme, les ouvriers découvrirent une fort belle plaque de cheminée, en fonte, aux armes de Claude Gouffier et de ses quatre premières femmes. Peut-être l’Hôtel du Gouverneur était-il à cet endroit ? M. Noël Daviau, architecte à Chinon, qui dirigeait les travaux, et de qui nous tenons ce renseignement, devint acquéreur de cette plaque pour cinq francs ! et la transporta dans sa campagne des environs de Saumur.  (Archives du Dr Faucillon).

Au XIIIe siècle, Philippe II fit ériger, à l’angle sud-est du fort du Coudray la « Tour du Beffroy ». Au XVIe siècle, elle est rebaptisée « Tour de Boisy » en raison des travaux qu’y fit faire le capitaine-gouverneur Claude Gouffier, seigneur de Boisy. Cette terre sise non loin de Roanne, a été spécialement érigée, pour les Gouffier, en duché-pairie le 3 avril 1518. On la trouve également orthographiée « Boisi ». M. Pépin dans son ouvrage Chinon, paru en 1936, l’orthographie Boisy ; progressivement, et pour une raison inconnue, elle devient « Tour de Boissy ».

1562            Charles Tiercelin de la Roche du Maine

Lieutenant de Cent hommes d’armes du duc d’Alençon, il est fait prisonnier à la bataille de Pavie le 24 février 1525, et accompagne François 1er dans sa captivité à Madrid. Selon de Cougny, Charles Tiercelin est commandant pour le Roi dans le château de Chinon courant juin 1562 lors de sa prise inopinée par les Huguenots. Le 17 juillet, ceux-ci sont défaits par Pierre de Villars.

1562 Charles de Cram

On relève dans l’un des Bulletins de la Société Archéologique de Touraine un singulier document :

« Comission de par le capitaine Coulaine : Nous Charles de Cram seigneur de Coullaine, gouverneur et lieutenant pour le Roy à Chinon soulz monseigneur le prince de Condé, et après avoir été adverty qu’il y a plusieurs reliques callices, platances et autres estoufses dor et d’argent qui été ci devant mis pour inventaire es paroisses du ressort de Chinon etc… Donné par nous gouverneur et lieutenant susdit le XXIXème jour de may mil cinq cens soixante deux. Charles de Cram. »

Qui est ce mystérieux capitaine-gouverneur-lieutenant ?

1568 Louis le Bascle, seigneur du Pin [de Pina] et de Rochecot

Seigneur de Cemant près de Chinon selon M. Louis de Grandmaison. Dans un document émanant du registre terrier des Aubrais [près de La Rochefoucauld, Poitou-Charentes] on peut lire : Anne de Corlieu était, en 1573, veuve de Louis Le Bacle, en son vivant l’un des cent gentilshommes de l’hôtel du roi, Capitaine et Gouverneur (en l’absence de notre très cher et très aimé cousin, le Prince Dauphin) du château royal de Chinon.

M. Jean Goupil de Bouillé écrit dans son ouvrage Bourgueil trois siècles d’Histoire : Louis le Bascle, seigneur de Chenaud, capitaine de cent gentilshommes sera gouverneur de Chinon, Loudun, Mirebeau, Faye-la-Vineuse, connu sous le nom de capitaine Pin. Il est inhumé dans l’église Saint-Maurice de Chinon en 1569.

Certificat par Louis Dusoul, prêtre, curé de Saint-Maurice de Chinon : … portant que dans le chœur de la dite paroisse de Saint-Maurice a coté gauche de la porte du chœur, en entrant, était un mausolée de pierre élevé et soutenu par deux colonnes adhérentes au mur du chœur, et que sur ce mausolée étoit posée une effigie à genoux, aussi en pierre, revetue d’une cuirasse et d’un heaume ayant à côté droit un casque et derrière un chien couché ; que devant cette effigie etoit une pierre sur laquelle etoit attaché un écusson dont le champ etoit de gueules, avec trois macles d’argent posées deux en chef et l’autre en pointe de l’écu, que l’on savoit par tradition que sous le mausolée avoit été inhumé Mr le Bascle, chevalier, Gentilhomme de la Chambre du Roi Charles IX [1550-1560/1574], Capitaine de cent arquebusiers à cheval et Gouverneur des ville et château de Chinon.

Ce mausolée a, malheureusement, été détruit.

Ce Louis le Bascle ne figure pas dans la liste des capitaines-gouverneurs de MM. de Cougny et Tourlet. Il est considéré par eux comme lieutenant d’Artus de Gouffier. La lettre suivante apporte un éclaircissement : Nous Loys Le Bascle, escuyer seigneur de Saunay, capitaine et gouverneur de la ville et chasteau de Chinon en l’absence de monseigneur le prince dauphin… Je signe le présent cy le vingtroisiesme jour de septembre 1568, Loys Lebacle.

1567 Artus Gouffier de Boisy

Troisième fils de Claude Gouffier et de sa troisième femme, Françoise de la Brosse, il voit le jour le 11 novembre 1555 et décède sans postérité. Bien que seulement âgé de douze ans, il reçoit la charge de gouverneur de Chinon le 22 décembre 1567, en remplacement de son père. Carré de Busserolle écrit qu’il a pour lieutenant Louis le Bascle seigneur du Pin qui décède en 1569, il est remplacé par Gabriel de Rasilly.

1567 Gabriel de Razilly [Rasilly]

Fils de Charles de Razilly et de Jeanne de Brizay. Vraisemblablement né en 1515, de ses trente premières années on ne sait rien.

La guerre contre les Huguenots se rallume en 1567, Charles IX, craignant qu’ils ne se saisissent de Chinon comme en 1562, écrit à Gabriel de Razilly :

Monsieur de Razilly, craignant que ceulx qui se sont eslevés à l’encontre de moy n’essaient de se saisir de ma ville et chasteau de Chinon, j’ai advisé de vous faire ce petit mot, pour vous prier que, en me faisant cognoistre combien vous ayrez envye de vous employer pour le bien de mon service, vous vous alliez mettre dedans mon chasteau de Chinon, pour là vous employer à sa garde avec tout ce que vous pourrez mettre de gens sûrs ; vous asseurant que je recognoistrai perpétuellement envers vous le secours que m’aurez fait en cet endroit. Et sur ce je prie Dieu… Escript à Paris, le 10° jour de décembre 1567, Charles.

Le 13 mai 1569, le duc d’Anjou confirme Gabriel de Razilly dans sa charge, mais il ne sera que « l’adjoint » de Claude Gouffier, comme le précise une lettre de ce dernier datée du 29 septembre 1569 : … commandant en ladicte ville et chasteau en mon absence, comme si je y estois moy-mesme

Gabriel de Razilly décède en 1579.

1568 Antoine du Plessis

À quelle date Antoine du Plessis prend-t-il ses fonctions ? Peut-être entre le 9 et le 22 novembre, ainsi que pourrait le faire penser ces deux délibérations :

ž 9 novembre 1568 : Le capitaine Pin demande au corps de la ville la fourniture de cent septiers de farine et des munitions pour la défense du château.

ž 22 novembre 1568 : Ordonnance d’Antoine Duplessis, gouverneur du château de Chinon, mandant aux manants et habitants de cette ville de fournir et livrer la nourriture nécessaire à la garnison. (…) soit chaque jour un bœuf, six moutons habillés (sic), 400 pains de 12 onces, trois poinçons de vin…

Et dans un autre document : À cette date [22 novembre], il prend pour quelque temps le commandement jusque là exercé par le capitaine Pin sous l’autorité de Claude Gouffier que supplée peu de temps après Gabriel de Rasilly.

Ce sont les Chinonais qui ont donné la préférence à Gabriel de Razilly et on les comprend à la lecture de la réquisition du 22 novembre qui se terminait ainsi : À ce faire, ne faites faulte, sous peine d’encourir l’indignation du Roy et de s’en prendre à vous en vos propres et privés noms.

Sur l’identité de ce du Plessis il y a incertitude : de Cougny évoque : un Antoine du Plessis capitaine de Richelieu, commandant des troupes à Chinon.

Gabriel Richault, lui, allègue un certain : du Plessis-Richelieu, qu’on appelait le moine parce qu’il avait porté le froc, oncle du grand cardinal, soudard fanatique qui ameutait les foules pour courre les Huguenots…

Laissons la parole au grand géographe André du Chesne [Duchesne], qui dans son ouvrage paru en 1631, consacre un long paragraphe à cet ʻAnthoineʼ du Plessis, fils de François III du Plessis, seigneur de Richelieu et d’Anne Le Roy :

Anthoine du Plesis porta aussi l’habit de Religieux au commencement, mais autant que de faire profession, il le quitta pour suivre la milice temporelle. A raison de quoy les Historiens qui ont parlé de luy l’on apellé quelquesfois le MOYNE DE RICHELIEU. Il fit ses premières armes en Piémont avec François du Plessis son frère. D’où estant de retour, son courage le rendit si recomendable auprès du Roy François II, que sa Majesté persuadée après l’entreprise d’Amboise d’augmenter sa garde d’une compagnie d’Harquebusiers à pied & à cheval, le choisit entre plusieurs autres gens de valeur pour en estre Capitaine. Ainsi l’escrivent le Président de la place & le sieur de la Popelinière, qui adiouste qu’en suite le mesme Roy l’envoya à Tours pour asseurer la ville sous son obeïssance. Il fut aussi peu apres honoré du Collier de l’Ordre de Chevalerie en France, avec plusieurs autres nommez dans un Recueil des Chevaliers de cet Ordre escrit à la main. De là le Roy Charles IX ayant recouvré la ville de Tours sur les Huguenots l’an 1562, il l’y laissa pour Gouverneur, ainsi que remarquent Belleforest & Piguerre en leurs Histoires, où ils luy attribuent le titre de VAILLANT CAPITAINE. Puis continuant à servir genereusement son Prince, il le suivit au siège de la ville de Bourges, pendant lequel il fut blessé par le Capitaine de Saint-Martin. Mais estant guery de sa blessure il rendit encore d’autres preuves signalées de sa valeur & de sa fidélité. Car en l’année 1568, il defendit avec un grand courage la ville de Blois contre les rebelles & les ennemis du mesme Roy Charles IX. Puis il se renferma dedans Poitiers, où il ayda à soustenir le siege que les Huguenots y mirent. Et en fin il accompagna Monsieur Louys de Bourbon Duc de Montensier à la reduction de plusieurs places en Poitou en l’obeïssance de sa majesté ès années 1574 &75.

Nous sommes loin du soudard fanatique de Gabriel Richault ! Les textes cités ci-dessus ont pour but de montrer combien il est difficile de rapporter la vérité historique.

1572 Claude de Bothereau [Bottereau/Bottreau]

Le 17 juillet 1569 l’assemblée des habitants [de Chinon] décida que l’on retiendrait dans la ville Claude de Bottreau, seigneurs de Villiers, qui avait offert d’y demeurer avec sa compagnie pour le service du roi.

Dans l’acte d’un baptême célébré dans l’église Saint-Etienne le 14 décembre 1572, on relève la mention suivante : parrain : Claude Bothereau capitaine et gouverneur des villes et châteaux de Chinon. Il décède à Chinon le 29 octobre 1576.

1578 Capitaine Rochepot, lieutenant : capitaine Balue.

Cité par de Cougny dans sa Notice sur le château : Le lundi 21 juillet 1578, il se tint une assemblée de ville à laquelle assistait le capitaine Balue, lieutenant du capitaine Rochepot, commandant de la ville et des châteaux.

Les places fortes comme Chinon ne sont pas confiées à de simples particuliers mais à des tenants de la particule. Les Pot, seigneurs de Rochepot [Côte-d’Or, arr. Beaune] sont alliés à toutes les grandes familles telles les Beaujeu, Oiron, Gouffier, Montbéron, Montmorency… En 1486, un Guy Pot est conseiller et chambellan du roi, gouverneur de Touraine, poste qu’il occupera deux fois. Charles VIII le qualifie de son amé et féal conseiller… Il est envisageable que ce capitaine Rochepot, cité par de Cougny, soit, lui aussi, un amé et féal  de Catherine de Médicis (1519-1589).

De même le capitaine Balue est-il, peut-être, l’un des descendants de Thomassin Balue, châtelain, procureur et receveur de la baronnie d’Angles-sur-Anglin de 1447 à 1456, père du cardinal la Balue. Les descendants des Balue sont eux aussi apparentés aux grands du royaume.

1579            de Saint-Léger et le capitaine Maigret

Cité par de Cougny dans Chinon et ses environs : En 1578, le capitaine Rochepot était gouverneur de la ville et du château ; il avait pour lieutenant le capitaine Balue. En 1579, ces deux charges étaient confiées au sieur de Saint-Léger et au capitaine Maigret.

1580            de Bullon ou de Balon ?

Du même : dans la Notice du Château de Chinon : Le 18 avril 1580, M. de Bullon était capitaine gouverneur de la ville et des châteaux. Le 1er décembre 1581, il reçut décharge de la garde de la place.

Dans Chinon et ses environs : M. de Balon est nanti de la charge de capitaine-gouverneur de la ville et du château de chinon au mois d’avril 1580.

Bullon ? Balon ?

1585            François Le Roy de Chavigny

Lieutenant-général pour le roi en Touraine, décédé le 18 février 1606 ; à quelle époque est-il nommé capitaine-gouverneur ? Dans les comptes du Receveur du Roi de 1584-1587 on lit :

pendant le temps de guerre et suivant le commandement du Seigneur de Chavigny, capitaine-gouverneur de la ville et des châteaux de Chinon…

Il est cité comme capitaine de nos châteaux de Chinon dans une lettre du roi datée du 15 novembre 1585. Dans l’Armorial de Touraine il est écrit :

François le Roy de Chavigny, capitaine-gouverneur de Chinon en 1588.

Il est toujours en exercice en avril 1591.

1594            François  de la Grange, seigneur de Montigny

Cité par de Cougny dans sa Notice sur le Château  qui relate une scène un peu ubuesque ayant eu pour cadre les salons de Gabrielle d’Estrées où Henri IV aurait été victime d’une agression. Parmi les gentilshommes présents, se trouvait :

François de la Grange, seigneur de Montigny gouverneur du château de Chinon. Ce seigneur, allié aux Rochechouart, est chevalier aux ordres du Roi, Capitaine de cinquante hommes d’Armes et de ses Ordonnances, Mestre de Camp de la cavalerie légère de France, lieutenant-général des Armées du Roy, il sera élevé à la charge de maréchal de France.

François de la Grange a épousé, le 1er août 1582, Gabrielle de Crevant, fille de Claude II de Crevant, seigneur de Draché (Indre et Loire). Son biographe précise que pendant les Guerres de la Ligue le sieur de Montigny tint toujours le party du Roy. A cette époque, les troubles politiques ont repris, et les ligueurs ont même un temps menacé Chinon. Il se peut donc que François de la Grange ait été chargé de mettre en défense le château de Chinon.

Dans la liste des gouverneurs figurant à la fin de ce même ouvrage il est appelé Louis de Montigny.

1609            Jacques II de Rouville, seigneur de Chavigny

Fils de Jacques 1er de Rouville, seigneur de Grainville, et de Diane Le Veneur de Tillières. Chevalier d’honneur de la duchesse d’Orléans. Mentionné comme capitaine-gouverneur de Chinon sans aucune autre précision.

1612 Charles de Tiercelin, seigneur de Baslou [Ballou/Balon/Ballon/ Balan]

Conseiller d’État, nommé capitaine-gouverneur le 15 octobre 1612. On relève dans  le registre paroissial de l’église Saint-Jacques en date du 30 août 1613 : Haut et puissant seigneur messire Tiercelin, chevalier de deux ordres du roi, seigneur de Balon, capitaine et gouverneur des ville et chasteaux de Chinon.

Et dans celui de l’église Saint-Maurice en date du 8 septembre 1613 : Anne Tiercelin, fille de messire Charles Tiercelin, seigneur de Ballon, Gouverneur pour le Roi des ville et chasteaux de Chinon.

Dans les comptes de la ville pour la période 1614-1617, on peut lire : Jehan Besnard, receveur des deniers communs de la ville dut aussi faire des dépenses extraordinaires et emprunter même des sommes importantes pour les donner audit sieur de Baslou gouverneur de la ville et châteaux de Chinon affin de munir sa place de munitions de guerre et d’aultres choses nécessaires…

De même dans le Registre des délibérations : 1615, le 16 octobre : Etat des munitions fournies à M. de Ballou, gouverneur du château de Chinon.

Les dépenses du sieur de Ballon/Baslou/Ballou obérèrent longtemps les finances de la ville, ne lit-on pas dans les délibérations des 9 septembre 1625 et 20 septembre 1626 : Estat des deniers… imposez et levez sur les habitants des autres paroisses de ladite ville et fauxbourgs de Chinon appelé l’impost du sieur Baslou…

Y aurait-il un lien avec le Bullon/Balon cité en 1580 ?

1614

En novembre 1614, les Chinonais craignant pour la sûreté de la ville, appellent à leur secours M. de la Brosse, M. de la Richardière, M. de Razilly avec ses soldats, M. de Genets avec sa compagnie, le capitaine de Minge et plusieurs autres gentilshommes. Qui commande ? Qui est gouverneur ? Dans une délibération du receveur de la ville, il est noté :

Le dimanche 15 novembre a été donné à souper à M. de la Brosse, La Girardière et autres, qui étaient à Chinon, par le commandement des habitants, pour la conservation de ladite ville à l’encontre des ennemis.

De Cougny ajoute : à la même époque, M. Tiercelin de Balan, gouverneur du château demandait des munitions de guerre…

1616 Jacques de Beauvau [Beauveau], seigneur du Rivau [Riveau]

Jacques II de Beauvau, lieutenant-général en Poitou, aurait été nommé en avril 1616 et aurait eu pour lieutenant M. de la Richardière.

1616 de la Richardière et M. des Ruaux

En mai 1616, le château de Chinon est donné en gage de sûreté au prince de Condé qui charge M. de la Richardière et M. des Ruaux de commander le château en attendant l’arrivée de M. de Rochefort qu’il avait nommé gouverneur en septembre.

1616 Louis d’Alloigny, seigneur et baron de Rochefort [Aloigny/Allogny]

Marquis de Rochefort-sur-Creuse, baron de Rochefort-sur-Loire, époux de Marie Habert, dame de la Brosse ; apparenté aux Beauvau du Rivau, il décède à l’âge de 75 ans, le 3 septembre 1657 et est inhumé aux Minimes de la Place Royale, à Paris.

Il prend ses fonctions à Chinon le 20 juillet 1616. Il laisse de mauvais souvenirs aux Chinonais car il ne paie pas les fournitures qu’il a exigées. L’affaire n’est toujours pas réglée en 1646 puisque l’on relève dans le Registre des délibérations : Poursuites judicaires intentées par le Corps de ville contre Louis d’Allogny, sieur de Rochefort, ancien gouverneur du château de Chinon, pour obtenir le payement d’avances faites par la ville pour différentes provisions.

1616 Bourenton

Carré de Busserole et de Cougny énoncent que MM. Bourenton et Barentin auraient occupé la charge de capitaine-gouverneur du château du 12 au 29 octobre 1616. La lettre suivante nous indique leurs fonctions respectives exactes :

De par le Roi, il est ordonné au sieur Bouranton, exempt des gardes de notre corps, de se rendre, le plus diligeamment que faire se pourra, en nostre ville de Chinon, d’entrer de nostre part en ycelle suivant l’ordre qui lui en est donné par notre cousin le maréchal de Souvray, avec quatre archers de nos gardes et s’estant assuré de ladite ville et chasteaux, qui seront remis en ses mains par le sieur de Rochefort, prendre garde à la conservation d’iceulx, recevoir les pièces d’armes (…) suyvant la description de l’inventaire qui sera fait par le sieur Barentin, conseiller en nostre conseil d’Estat, maître des requestes ordinaire de nostre hostel  et intendant de justice en nos armées de Touraine, que nous avons à ceste fin commis…. Fait à Paris, le 12° jour d’octobre 1616, Louis [Louis XIII].

Il apparaît que M. Bouranton exerce la fonction d’exempt des gardes et M. Barentin est Conseiller d’Estat, maître des requestes ordinairel, intendant de justice des armées de Touraine, chargé d’établir l’inventaire du château.

1616            Capitaine La Croix

M. Bouranton semble n’assurer qu’un intérim en attendant la nomination d’un titulaire. Le 29 octobre, le Roi lui écrivait :

J’ai arresté establir le sieur d’Elbeyne, gentilhomme de ma chambre et lieutenant de compaignie de chevaulx-légers de mon frère au gouvernement de ma ville et chasteau de Chinon et luy ait fait expédier les provisions nécessaires. C’est pourquoy vous ne ferez deffault par conséquent la présente reçue de remettre ladite ville et chasteau de Chinon ès mains du capitaine La Croix, lieutenant du sieur d’Elbeyne

1617            Pierre d’Elbeyne [Elbenne/Elbene/Delbene/Del Bene]

M. d’Elbeyne ne prend son commandement que le 18 janvier 1617. Originaire de Florence, la famille d’Elbenne compte de nombreux membres ayant exercés de hautes charges à la cour de France, dont certains se sont brillamment illustrés par leur valeur militaire et leurs actions diplomatiques. Un Pierre d’Elbene, grand-père ou père du Pierre sus nommé, a été seigneur de Sainte-Maure de Touraine.

1619            Jacques d’Apchon, seigneur de Chanteloup

Famille ayant des attaches en Touraine, Poitou et Anjou, apparentée, notamment aux Beauvau du Rivau. Seigneur de Chanteloup, chevalier des Ordres du Roi. Du fait que la reine-mère, Marie de Médicis (1573-1642), reçoive le 19 août 1619 Chinon en douaire, il se produit des changements dans l’administration de Chinon. Pierre d’Elbeyne, nommé par Louis XIII, est remplacé sur ordre de Marie de Médicis par Jacques d’Apchon seigneur de Chanteloup ; nomination éphémère puis qu’il quitte ses fonctions le 15 octobre suivant.

1619 Charles II Tiercelin, seigneur de la Roche du Maine

Charles Tiercelin est nommé capitaine-gouverneur de Chinon le 15 octobre 1619. La famille de Tiercelin comprenant de nombreuses branches, y aurait-il une parenté avec le sieur de Bullon cité en 1580 ? Est-ce le même Charles de Tiercelin seigneur de Baslou présent en 1612 ?

1620 de Beautrecourt ?

Cité par Carré de Busserolle et de Cougny sans aucun autre renseignement. L’orthographe des noms varie beaucoup, à cette époque d’un document à l’autre, voire même au sein du même écrit, alors Beautrecourt ? Beaudrecourt ? Baudrecourt ? On relève dans les registres paroissiaux chinonais le nom de Beaucourt. Les Beaucourt, seigneurs du Monac et de Saint Chaumont, avaient une branche familiale résidant au XVIIe siècle à Chinon.

1622            François Le Franc, seigneur de Chanteloup

Cité par Carré de Busserolle sans aucun autre renseignement. Officier de la reine Marie de Médicis. Y aurait-il une corrélation Jacques d’Apchon, lui aussi seigneur de Chanteloup ?

1622            Jacques II de Rouville

À déjà occupé les fonctions de capitaine-gouverneur en 1609. Selon de Cougny, il aurait été présent à Chinon en 1621 car, selon un devis de réparations à faire au château, il en est cité comme gouverneur en septembre. On relève dans  le registre paroissial de l’église Saint-Maurice en date du 4 décembre 1622 :

Messire Jacques de Rouville, chevalier, comte de Clinchamps, seigneur de Chavigny, gouverneur des ville et châteaux de Chinon…

Isabelle de Longueval, signe un acte, le 15 avril 1623, où elle se présente comme étant l’épouse du capitaine-gouverneur de Chinon, Jacques de Rouville. De Cougny écrit qu’au mois de janvier 1625, M. de Rouville fut obligé de demander aux habitants de faire garder les portes de la ville ; et que de Rouville est toujours en place le 25 juin 1626. Jacques II de Rouville avait pour lieutenant M. de Flessenville. Il meurt début juillet 1628.

? Pierre de la Boulaye

Selon de Cougny, Jacques II de Rouville n’y reste que peu de temps et laisse pour commander à sa place son lieutenant Pierre de la Boulaye, et de Fesenvilliers.

Flessenville ? Fesenvilliers ? Deux personnages différents ? Une seule et même personne avec deux orthographes différentes ?

1622 Bertrand du Chesne

Cité par Carré de Busserolle : Bertrand du Chesne était gouverneur des ville et château de Chinon en 1622. Il ajoute qu’il était apparenté à André et François du Chesne [Duchesne], historiographes de France.

1634 Augustin d’Évrard de Haiecourt

De Cougny indique que : le 28 février 1634, le corps de ville étant réuni, M. de Hunnecourt, frère et lieutenant de M. d’Evrard, gouverneur de la ville et des châteaux…

Carré de Busserolle cite dans son Dictionnaire à la rubrique Chinon/capitaines-gouverneurs :

– Auguste d’Evrard de Haiecourt, mestre de camp de cavalerie en 1634.

– Michel d’Evrard en 1642.

A la rubrique Crissay : Le 1er juillet 1632, la terre de Crissé [Crissay-sur-Manse], saisie par décret, est adjugée à Michel-Augustin d’Evrard.

Il ajoute plus loin : Michel-Augustin d’Evrard, seigneur de Haiecourt et de Crissé, mestre de camp de cavalerie, était capitaine-gouverneur de Chinon en 1634.

Dans son Armorial : Evrard (d’) : Comtes de Crissé au XVIIe siècle. Vers 1646, Auguste d’Evrard de Haiecourt, mestre de camp de cavalerie, était capitaine-gouverneur du château de Chinon.

Tourlet indique dans ses notes : En 1634 Auguste d’Évrard de Haiecourt, maître de camp de cavalerie et en 1642 Michel d’Évrard.

Luc Boisnard dans son Dictionnaire des familles de Touraine, ne précise pas les prénoms, il écrit simplement : un gouverneur de la ville et du château 1622-1624 et 1637-1642.

Dans l’Histoire de la Maison Royale de France et des grands officiers de la Couronne, on relève : Louise de la Baume-le-Blanc, née le 7 décembre 1621, épouse, en premières noces en 1642, Michel d’Evrard seigneur de Haiecourt capitaine d’une Compagnie de Chevaux-légers, fils d’Augustin d’Evrard, seigneur de Haiecourt, de Crissay et de Jouy, mestre de camp d’un régiment de cavalerie, gouverneur de Brest et des ville et château de Chinon.

De Hunnecourt, de Haiecourt : même nom ? Auguste/Michel-Augustin/Michel fils d’Augustin… Père et fils, frères ? L’un gouverneur de la ville et des châteaux, l’autre lieutenant ? L’un en 1634, l’autre en 1642 ?

1637 Jacques de Beauvau, seigneur de Rivarennes

En secondes noces, Louise de la Baume le-Blanc, citée précédemment, épouse le 17 avril 1646 Jacques de Beauvau, seigneur de Rivarennes, fils aîné de Louis II de Beauvau, seigneur de Rivarennes et des Aulnais. Y aurait-il eu une transmission de charge entre les Evrard et les Beauvau ?

De Cougny écrit qu’une alerte mit en émoi les Chinonais le 25 janvier 1637 : Un ordre provenant de M. de Beauvau du Riveau, gouverneur de la ville et des châteaux …

Le 19 mars 1649, Jacques de Beauvau est toujours en place. Il est remplacé très peu de temps après par M. de la Brosse.

1649 Joseph Le Brun, seigneur de la Brosse [Lebrun]

Ecuyer, chevalier ; Joseph Le Brun, né en 1614, décédé le 6 février 1686, est inhumé dans la chapelle Saint-Melaine du château de Chinon.

Date de nomination inconnue, mais il était déjà gouverneur en 1649 puisque l’on relève la mention suivante dans l’acte de son mariage, le 15 février 1649 : Joseph le Brun, écuyer, seigneur de la Brosse, gouverneur et capitaine du château de Chinon, avec Demoiselle Marie Le Breton.

Le 25 septembre 1670, on note le remariage de : Joseph Le Brun, escuyer, seigneur de la Brosse, commandant au château de Chinon avec Charlotte de Farou.

Extrait du Registre des délibérations : Le 6 mars, lecture d’une lettre de Sa Majesté [Louis XIV] datée de Saumur au quartier général, le 4 mars 1652, dans laquelle elle juge à propos pour le bien du royaume et sa sûreté, de mettre une garnison dans le château de Chinon et nomme le sieur de la Brosse, gouverneur pour y commander à 70 hommes des plus vaillants qu’il pourrait trouver.

D’après Carré de Busserolle il est cité comme gouverneur et capitaine du château de Chinon en 1677.

1650[2] Claude de Lannion

Baron du Vieux Châtel et Malestroit. Cité sans aucun autre renseignement : a-t-il précédé ou succédé à Joseph le Brun où bien en était-il le lieutenant ?

1660            Georges Gillier de Puygarreau [Pigarreau]

Seigneur de Marmande [baronnie relevant du château de Chinon]. Les Puygareau sont alliés aux Bueil, Laval, Montmorency, Montbéron, La Rochefoucauld, et bien d’autres… Nos historiens du XIXe siècle ne communiquent aucun renseignement biographique.

1686 Charles de Signy, seigneur de la Toursigny (de la Tour-de-Signy)

Né aux environs de 1641, Charles de Signy est le gendre de Joseph Le Brun de la Brosse dont il a épousé sa fille Elisabeth, le 3 juillet 1685. Il est inhumé le 5 juin 1704 à Saint-Mexme. Charles de Signy a été gouverneur de 1686 à 1697.

1697            Louis Febvrier, seigneur de la Bellonnière à Cravant

Ecuyer de M. le Duc d’Orléans (frère unique du roi). Nommé par Lettres en date du 1er mai 1697 (transcrites le 3 juin) en qualité de gouverneur du château héréditaire [moyennant finances !], en vertu de l’Édit du roi daté d’août 1696. Il entre en fonction le 3 juin 1697. Né en 1663, il décède à Chinon le 23 avril 1733.

On relève dans le registre paroissial de l’église Saint-Maurice, le 21 mai 1699, le baptême de Louis, fils de Louis Febvrier, seigneur de la Bellonnière, gouverneur de la ville de Chinon et de Geneviève de la Barre, son épouse.

? Louis Febvrier

Né le 21 mai 1699, décédé le 25 juillet 1765, chevalier de l’ordre Royal et militaire de St-Louis, capitaine au régiment de Champagne. Il est lui aussi cité comme capitaine-gouverneur de Chinon (aucune date n’est précisée). Peut-être porte t-il ce titre en raison du fait que son père était désigné comme gouverneur héréditaire de la ville de Chinon ?

1715 Jean-Baptiste-André Morlat de Montour

Né le 2 septembre 1682, il meurt le 23 août 1763 ; avec lui s’éteint la famille Morlat de Montour. Conseiller au Grand-Conseil ; le 21 juin 1715, gouverneur pour le roi des ville et communauté de Chinon, et en 1738 gouverneur de Chinon.

1719 Charles de Signy, seigneur de la Roche [Charles-César de la Toursigny]

Dans certains actes il est nommé Charles-César de la Toursigny. Né en 1688, il se marie à Saint-Mexme, le 25 septembre 1719 : Charles de Signy, chevalier, seigneur de La Roche, gouverneur des châteaux de Chinon, fils de Charles de Signy et d’Elisabeth Lebrun avec Marie Denis, veuve de M. Nicolas C…., conseiller du roi.

Il décède le 22 février 1743 : Le vingt-deuxiesme jour de février mil sept cent quarante trois est mort messire Charles-César de la Toursigny, chevalier, gouverneur des chasteaux de Chinon, seigneur de Lhermitage, âgé d’environ cinquante-cinq ans, après avoir reçu les sacrements dans sa dernière maladie et le lendemain son corps a été inhumé dans l’église de Saint-Mexme. Ses parents et amis en grand nombre sont venus à son enterrement…

Une lettre relatant l’entré solennelle du duc de Richelieu dans Chinon, fin novembre 1717, cite de la Bellonnière comme gouverneur de la ville et de la Tour Signy comme gouverneur du château.

1732 Armand-Charles de Blet

Armand-Charles de Blet, né le 2 août 1692, au château de Chargé ; capitaine au régiment Royal-Infanterie, blessé à la bataille de la Marsaille (4 octobre 1693) ; il décède le 21 mars 1772. Un Blet est cité le 20 novembre 1732 comme gouverneur de la ville et château de Chinon, mais lequel ? Les Blet ont été gouverneurs de Richelieu et probablement de Chinon à certaines périodes : Armand-Charles de 1699 à 1725, Armand-François de 1725 à 1764, Armand-Jean de 1764 à 1789.

1750            Armand-Jean de Blet

Armand-Jean de Blet, baron de Blet, seigneur de Chargé, Vaucouleurs ; né le 20 février 1727, officier au régiment Royal-Cavalerie, gouverneur des villes et châteaux de Richelieu et de Chinon, décédé le 6 septembre 1804. Les Amis du Vieux Chinon possèdent deux actes notariés en date des 29 novembre 1769 et 12 janvier 1771 où il est fait mention d’Armand de Blet, mais sans préciser le deuxième prénom :

Procès verbal de l’état des chateaux de Chinon a la Requisition de Jean Sureau fermier : Messire Armand de Blet Chevalier de l’ordre Royal et militaire de St Louis gouverneur des chateaux de Chinon et de Richelieu demeurant au château de Haute Claire paroisse de Razine en Poitou…

Il aurait été gouverneur du château jusqu’en 1780.

La liste de M. de Cougny s’arrête là ; les deux noms qui suivent figurent sur celle de Carré de Busserolle.

1764 Pierre Mangot

De Cougny cite parmi les capitaines-gouverneurs un M. Mangot, sans en préciser le prénom : Le dernier gouverneur, dont fasse mention nos registres municipaux, fut M. Hyacinthe du Petit-Thouars, nommé en 1767, avec future succession de M. Mangot, gouverneur alors en charge.

Dans le registre paroissial de Saint-Maurice un Mangot Pierre, né le 13 octobre 1706, Conseiller au Grand-Conseil, Secrétaire du Roi, est qualifié d’ancien gouverneur de la ville et communauté de Chinon. Aux Archives nationales (cote V/422 folio 43) on relève la mention suivante pour ce même Mangot Pierre : Provision de l’office de gouverneur en date du 28 mars 1764, en remplacement de Jean-Baptiste Morlat.

1767 Hyacinthe-Louis Aubert de Saint-Georges du Petit-Thouars

Carré de Busserolle le mentionne deux fois :

– l’une dans son Armorial : Seigneur de Saint-Germain, chevalier de Saint-Louis, commandant réformé des Volontaires de Soubise. Nommé gouverneur de la ville de Chinon par Lettres données à Marly, en date du 17 mai 1767, en future succession de M. Mangot, encore en charge.

– l’autre dans son Dictionnaire : Hyacinthe-Louis Aubert de Saint-Georges du Petit-Thouars capitaine gouverneur de 1785 à 1787.

1789 Louis-Henry-François comte de Marcé

Maréchal des camps et armées du roi, lieutenant des maréchaux de France à Chinon en 1789, décédé en 1794. Aucun autre renseignement. En 1790, le château est confisqué aux Richelieu, décrété bien national et devient propriété du département.

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À la lecture des derniers paragraphes, il apparaît qu’il y avait un gouverneur pour le château et un autre pour la ville, les deux charges avaient donc été dissociées ce qui peut expliquer que du Petit Thouars et le comte de Marcé ne soient pas cités par de Cougny.

La charge de capitaine-gouverneur était fort recherchée non seulement pour l’honneur qu’elle conférait mais également en raison des avantages pécuniaires et autres qui s’y rattachaient. Dans une certaine mesure elle était une « affaire de famille » : pères, fils, gendres, oncles, cousins cohabitant ou se succédant… Chambrier d’Henri II, régent du roi Henri III, grand sénéchal de France, maréchal, duc, baron, marquis ou seigneur voici quelques uns des titres portés par les « capitaines-gouverneurs des ville et chasteaux de Chinon ». De grands personnages pour une ville de grand renom !

Cette étude doit beaucoup à nos érudits du XIXe siècle. Espérons qu’il ne faudra pas attendre encore un siècle pour que soient comblées les nombreuses lacunes qu’il comporte! Qu’il me soit permis de remercier mes amis Claude Bougreau pour sa relecture attentive et ses connaissances si précieuses de l’histoire de Chinon, Georges Noirot pour ses recherches  dans nos bulletins et François de Izarra pour ses judicieuses observations.

Françoise HOUVENAGHEL

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NDLR : Le texte complet de cet article et la liste des ouvrages consultés sont disponibles à la bibliothèque des Amis du Vieux Chinon.

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[1] Connétable : Grand officier de la couronne, chef suprême de l’armée.

[2] Selon de Cougny, la charge de gouverneur du château aurait été supprimée dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. Selon Eugène Pépin, à partir de 1697, un gouverneur qui ne réside plus à Chinon s’intitule Gouverneur des châteaux de Chinon et de Richelieu. Ces gouverneurs donnent à bail les châteaux (logis, tours, jardins) pour des périodes de neuf années. Dans le registre paroissial de St Mexme on relève : de BUISINE Augustin, second gouverneur du château de Richelieu de 1656 à 1662.